Associés autour de l’étude “Que peut le numérique pour les territoires isolés ?”, TerraNova et Google se sont penchés sur les opportunités qui s’offrent aux territoires concernés et ont présenté…

Associés autour de l’étude “Que peut le numérique pour les territoires isolés ?”, TerraNova et Google se sont penchés sur les opportunités qui s’offrent aux territoires concernés et ont présenté dans un rapport 7 solutions pour que ces bassins de vie puissent, grâce à des actions nationales, se saisir d’opportunités en local. Regroupant près de 10% des communes françaises et quelques 1,2 millions d’habitants de l’Hexagone, ces territoires sont aptes à se lancer dans l’aventure numérique, mais à condition que les enjeux locaux associés soient intégrés par les porteurs de projets.

Le digital et les territoires isolés

La France à deux vitesses s’illustre au travers de nombreux domaines : l’économie, l’accessibilité, la mobilité, le numérique, pour n’en citer que quelques-uns. Dans cet environnement, et conscient des difficultés, le précédent gouvernement lançait en 2013, le plan « France très haut débit » qui avait pour objectif de « couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit d’ici 2022, c’est-à-dire proposer un accès à Internet performant à l’ensemble des logements, des entreprises et des administrations. » Toujours en cours de déploiement et alors que les communes rurales peinent à s’équiper, les villes, elles, intègrent la fibre, expérimentent la 5G et voient leur dynamisme local couronné de la dénomination « métropole » accentuant dans le même temps un sentiment d’isolement de la part des habitants des territoires ruraux encore loin d’avoir accès à un équipement numérique performant.

Les chiffres sont parlants : 73% de la population des territoires isolés ont un accès internet à 3Mbits alors que ce taux atteint les 88% à l’échelle nationale et 95% sur le bassin de l’Ile-de-France. Plus le débit augmente, plus les écarts se creusent : le chiffre tombe à 56% de taux d’équipement pour les territoires isolés en accès internet avec un débit de 8Mbit/s et plus, puis à 22% pour 30 Mbits et un équipement inexistant dès que le débit dépasse les 100 Mbit/s – alors que la France est équipée à hauteur de 26% et l’Ile-de-France à 62% en moyenne.

Si les équipements sont difficilement accessibles, c’est aussi un enjeu de service public qui se dessine derrière la technicité des raccordements.

Au-delà d’un accès facilitant les recherches, le cloud ou encore le streaming, les services en ligne deviennent aussi un enjeu majeur pour l’accessibilité des territoires dits isolés. Services publics, sociaux, aide à l’emploi, déclaration en ligne… autant d’outils mis en place par les collectivités et l’Etat qui ont des accès restreints dès lors que la connexion l’est aussi. Pourtant, acteurs concrets d’un dynamisme local, ces outils ont un rôle à jouer dans la valorisation du territoire.

La technologie : vecteur de désenclavement

La question du raccordement est au cœur des enjeux mais correspond à une organisation technique. Au-delà de cette mise en place, ces travaux doivent être accompagnés d’une vision : politiques de santé, d’économie, d’aménagement peuvent naître et permettre aux territoires isolés de se réinventer. Dans le rapport co-conçu par TerraNova et Google, les deux entités pointent les opportunités possibles.

L’une d’entre elles appuie sur un point de douleur : l’accessibilité au secteur de la santé. La France ne compte plus les communes en pénurie de ces services. En première ligne les médecins, mais ils ne sont pas les seuls. Ophtalmologistes, kinésithérapeutes, dentistes… les services indispensables aux habitants manquent cruellement dans les territoires les plus ruraux. D’après les cosignataires de l’étude, le numérique offre des perspectives d’accompagnement : téléconsultations, télé-suivi des patients, maintien à domicile par des télé-assistants, le champ des possibles est large.

En Isère, en Ardèche et dans la Manche, des expérimentations sont mises en place : de l’accompagnement à distance encadré par du personnel à la téléconsultation dans une cabine connectée, les solutions sont nombreuses. Les professionnels du secteur insistent également sur le maintien à domicile : la mise en place de télésurveillance et de téléassistance technologiques permettent de faire intervenir les professionnels de santé en cas de chute par exemple. Toutes les communes n’ont pas de RPA, Résidence d’autonomie ou d’EHPAD, ainsi l’approche médicale à distance est aujourd’hui examinée. Le rapport pointe comme limite l’obligation de délocaliser à des niveaux très locaux certains services. Et la question de l’isolement extrême est aussi à réfléchir : la rencontre avec le personnel médical est, dans certains cas, l’une des seules interactions sociales des personnes isolées.

Si la télémédecine rencontre encore quelques réticences, de son côté le télétravail – et notamment depuis l’assouplissement de son accès à la suite des ordonnances de septembre 2017 – reste beaucoup moins clivant.

En effet, si tous les territoires isolés ne peuvent attirer les entreprises, ils peuvent favoriser le télétravail. L’accessibilité accrue de l’emploi à distance grâce à des solutions de serveurs connectés et de partage de fichiers permet à nombre de salariés ou de travailleurs indépendants d’avoir accès à leurs dossiers dématérialisés. Les contraintes de mobilité, de garde d’enfant le matin et le soir, de charges locatives sont aussi prises en compte par les entreprises. Pour le territoire, favoriser des lieux de travail sur place tels que des coworking à bas prix ou des tiers lieux avec des accès à internet très haut débit ou à la fibre, favorisent une consommation locale auprès des acteurs du territoire.

A ce jour, les réelles barrières de cette pratique résident dans la culture du travail que nous avons, cette disposition nécessitant avant tout une approche de confiance entre manager/salarié.

Les opportunités économiques et numériques dans ces territoires

Enfin, depuis trop longtemps les territoires ruraux ont été mis en opposition avec les solutions numériques alors qu’il est déjà possible d’en observer les bénéfices économiques réalisés.

Le rapport pointe les chiffres parlant de l’impact de certaines solutions digitales utilisées dans les territoires isolés : « Des données issues d’une collaboration avec Airbnb illustrent le rôle que peut y jouer l’économie collaborative. 30% des villages ont au moins une annonce Airbnb alors que 2/3 de ces villages ne comptent aucun hôtel. Ainsi, 123.000 personnes ont été accueillies par ce biais, ce qui a généré 14 millions d’euros de revenus supplémentaires pour ces territoires depuis 2012. » Des chiffres qui vont considérablement augmenter avec l’arrivée de ce digital player sur le secteur du loisir dans les territoires : la plateforme propose désormais une offre regroupant logements et activités à faire dans une localité donnée, permettant aux acteurs du tourisme de se positionner sur une plateforme commune.

Mais cette observation n’est que l’un des angles d’observation possibles ; de nombreux autres secteurs sont positivement impactés par le numérique et les collectivités s’en saisissent. Certains territoires, comme l’Auvergne profitent de leur disponibilité pour « offrir » à plusieurs start-ups la possibilité de rejoindre le programme « New Deal Numérique » qui propose une dotation et un lieu de résidence afin de développer leur offre. D’autres collectivités repèrent les pépites déjà présentes et les accompagnent afin de donner un coup de projecteur sur le dynamisme de leur territoire. C’est le cas d’Aurillac qui abritait jeuxvideo.com avant son rachat – et sa délocalisation vers Paris – alors qu’à l’époque déjà, le site était leader en Europe.

Les opportunités numériques sont bien plus présentes qu’elles n’y paraissent dans les territoires isolés. Cependant, pour que ces bassins de vie s’en saisissent, 3 conditions doivent-être réunies : un raccordement numérique réellement effectif pour un service adapté aux besoins, une vision politique qui accompagne les possibilités de faire en local, et surtout une volonté d’accompagner les acteurs locaux qui se lancent.

Cet article a été rédigé en partenariat avec Google.