Pour valoriser le patrimoine local en l’inscrivant dans le XXIème siècle et attirer de nouveaux visiteurs, le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté mise sur un collectif d’étudiants réunis dans le programme Matrice, leur objectif : lier numérique et historique.

Allier université, patrimoine et politique

Mettre les outils numériques au service du patrimoine historique d’un territoire, tel est le défi que le programme Matrice va relever en Bourgogne-Franche-Comté. Il réunit des étudiants issus de neuf établissements. L’école 42, l’université Paris-Est Marne-La-Vallée, l’université Paris Dauphine, l’école supérieure du digital, l’université Paris Diderot, l’EM Lyon Business School, l’université de Bourgogne, l’école du management de la culture et du marché de l’art et l’université Sorbonne Nouvelle Paris 3 et leurs cursus différents apportent des compétences en informatique ou encore en management aux étudiants qui conduisent des projets originaux.

Ensemble, ils répondent notamment à certaines problématiques des collectivités. « Nous sommes partis du constat que notre patrimoine devait être valorisé avec de nouveaux leviers d’innovation pour attirer un public plus jeune » explique Maud Clavequin, vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche, de l’université et de l’évaluation des politiques publiques.

Le château du Clos Vougeot et l’Abbaye de Fontenay ont ainsi candidaté, par l’intermédiaire du conseil régional, pour profiter des compétences d’une trentaine d’étudiants afin qu’ils imaginent de nouvelles expériences touristiques. « Ils vont apporter un regard extérieur avec une logique de comparaison, amener d’autres idées dans un esprit collaboratif. Les propositions à naître pourront servir à d’autres régions. »

Le conseil régional défend une stratégie numérique forte pour penser de nouveaux services à destination des usagers. « Matrice relève des enjeux transversaux : technologiques, éthiques, commerciaux, sociaux, culturels, sociétaux ou encore réglementaires… Les deux sites bourguignons donnent deux terrains d’exploitation et de formation concrets aux étudiants. » Au-delà d’une attractivité touristique renouvelée, l’élue attend ainsi que le projet Matrice suscite des retombées économiques.

Dix mois pour se construire un avenir numérique

Pendant dix mois, la trentaine d’étudiants membres de la matrice patrimoine va plancher sur des projets digitaux capables de se faire le relais de l’Histoire, en mêlant numérique et historique, et ainsi faire croitre le nombre de visiteurs. « Nous allons mettre en lien culture numérique et site historique et voir comment le premier peut servir le second et ceux qui s’y rendent » souligne Maud Clavequin.

Chaque année, ils sont 50 000 à visiter le Château du clos de Vougeot tandis que l’Abbaye de Fontenay accueille 90 000 personnes. Pour que ces deux sites historiques connaissent mieux leurs touristes et pour leur proposer une autre façon de les découvrir, le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté finance la moitié du coût de chacun de ces programmes. La collectivité a ainsi débloqué 75 000 euros hors taxe pour le Château du clos de Vougeot et 95 000 euros pour l’Abbaye de Fontenay.

La direction de l’aménagement du territoire et numérique du Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté assure le suivi de ces deux initiatives. Depuis son lancement en octobre 2018, le projet Matrice se divise en plusieurs phases. Parmi elles, au lancement du projet, l’immersion des étudiants dans les sites retenus s’est inscrite parmi les plus marquantes. Ils ont ensuite travaillé en équipe pour que les idées deviennent des projets avant que le concept ne se transforme en produit qu’ils vont expérimenter sur le terrain dans une ultime phase. Ces jeunes esprits devront rendre leur copie à la rentrée 2019 puis la collectivité pourra tester les outils proposés et les évaluer.

« C’est une méthode différente pour penser la formation, en amenant du concret et ouvrir un champ des possibles qui va intégrer l’impact du numérique dans la vie des citoyens. Il faut dépasser la technique pour amener une réflexion. » La vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté attend avec impatience de voir le résultat imaginé par les étudiants du programme Matrice et leur impact sur le patrimoine local.