Votre groupe d’opposition vous avait toujours paru être un bon équilibre démocratique. Problème : vous avez une opposition “fermée”

Vous êtes dans la majorité et vous avancez votre petit bonhomme de chemin, au gré des obstacles qui s’amoncellent sur votre route et des avancées de vos délégations. Parmi ceux-ci, votre groupe d’opposition vous avait toujours paru être un mal nécessaire, et la garantie d’un bon équilibre démocratique. Problème : vous avez une opposition “fermée”, qui refuse de travailler avec vous ou de s’engager dans des compromis, même sur les projets les moins politiques. Que faire ? Petit tour de piste des solutions qui vous permettront de débloquer la situation.

Majorité et opposition municipale : ce qui devrait se passer

En théorie, rien n’indique que les listes qui ont obtenu le moins de voix à l’élection, les listes minoritaires, doivent se positionner “en opposition” à la liste de la majorité. Selon la Constitution, c’est l’Assemblée toute entière qui devrait se positionner en contre-pouvoir du gouvernement – donc de l’exécutif municipal, dans une optique constructive de remise en question des avis et directions données par la tête de l’exécutif.

Rêvons un peu : un exécutif (Maire et adjoints), alignés sur des prises de positions politiques. En face, conseillers municipaux et conseillers municipaux d’opposition relisent, vérifient, valident ou questionnent les décisions du Conseil Municipal. Un vrai débat démocratique a lieu pendant le Conseil Municipal ; les conseillers municipaux de la majorité qui sont en désaccord avec le Maire s’expriment ouvertement pendant le Conseil. On pèse, on soupèse les décisions et leurs conséquences, puis le Conseil municipal vote à main levée ou à bulletin secret une vraie décision.

Une belle pratique de la démocratie… qui reste, hélas, une utopie.

Dans la réalité…

Dans 99% des cas, on assiste à une “dualisation” de la vie politique avec une majorité qui doit s’aligner systématiquement sur la position décrétée par le Maire et une minorité municipale – très minoritaire, rappelons-le, à cause des règles d’élection des conseillers municipaux au suffrage de liste – qui se positionne souvent dans une posture d’opposition frontale.
Dans certaines configurations, ce système fonctionne plutôt bien : l’opposition ne s’oppose pas systématiquement et la majorité joue la carte de l’ouverture. Mais parfois, et sans que vous ne sachiez très bien pourquoi, vous avez à faire à une opposition fermée qui tente systématiquement de vous bloquer dans tous vos projets, quels qu’ils soient. Si vous êtes face à ce genre de situation, voici quelques attitudes à adopter.

Conseil n°1 : Soyez toujours à l’écoute

Soyez toujours à l’écoute des reproches que l’on vous fait. Même si l’attitude de vos opposants ne vous paraît pas constructive, prenez le temps de peser le pour et le contre et de vous remettre en question. N’hésitez pas à discuter, à échanger, et à démontrer dans les faits que vous êtes ouvert.e à l’échange.
Dans certains cas, vous arriverez peut-être à la conclusion que l’avis qui vous paraissait initialement absurde recèle une petite part de vérité. N’hésitez pas à l’admettre et à revoir votre propre position. Ce sera tout à votre honneur, et cela vous permettra de (r)ouvrir le dialogue.

Conseil n°2 : Prenez les devants

Si le conflit prend de l’ampleur ou que vous pressentez que le mouvement va s’accentuer : prenez les devants ! Amenez le sujet sur la table en conseil municipal et ouvrez le débat sur ce sujet.

Le courage politique est difficile aujourd’hui, mais nécessaire, et il est probable que d’autres élus ou citoyens vous soutiendront dans cette démarche. Mieux vaut une situation que vous avez créée, et sur laquelle vous avez l’initiative, plutôt qu’un conflit ouvert face auquel vous vous positionnez en réaction sans maîtriser son agenda : vous aurez toujours plus de maîtrise et de contrôle sur la situation. A l’inverse, ne pas prendre de risque à l’instant t peut être très risqué à l’instant t+1. Si vous avez un doute, lancez-vous !

Conseil n°3 : Ne laissez rien passer

Etre ouvert.e ne veut pas dire laisser passer n’importe quoi : ne laissez pas l’opposition – ni quiconque !- déformer vos paroles. Reprenez systématiquement les propos qui vous dérangent et rectifiez-les. Il est parfois tentant de se dire qu’on laisse passer, qu’un petit détail n’aura pas de conséquence. C’est l’inverse. Ne laissez jamais personne mentir à votre égard car une fois que les gens ont testé votre réaction (ou plutôt votre absence de réaction) sur un détail, ils iront plus loin. Dans toutes ces situations, votre image publique sera améliorée par une réaction calme et posée, par votre fermeté et votre intransigeance. A l’inverse si vous ne réagissez pas, elle sera amoindrie par l’absence de réaction et l’inexactitude des propos de vos opposants.

Si certains propos concernent d’autres personnes, n’hésitez pas à blâmer ces actes et à prendre la défense de la personne attaquée. Vous montrerez votre respect envers vos collègues et vous vous ferez peut-être un.e nouvel.le allié.e.
Pour éviter que le ton monte, vous pouvez faire voter des motions : un excellent moyen d’aborder les choses calmement et apporter votre soutien aux personnes attaquées sous l’angle de la démocratie.

En résumé : ouverture, mais fermeté. Face à une opposition non constructive, déminez le terrain le plus tôt possible… et tout devrait bien se passer.