Judith, tête de liste dans une commune de 20 000 hab, nous raconte comment elle a vécu son premier débat face à la presse
Judith, tête de liste dans une commune de 20 000 habitants pour les municipales, nous raconte comment elle a vécu son premier débat face à la presse.
Un contexte particulier
Je suis devenue pour la première fois maire d’une commune de 20 000 habitants.
Pour la première fois depuis plus de 25 ans dans cette commune, qui est également la sous-préfecture du département, le maire sortant avait décidé de ne pas se représenter.
Trois listes se sont alors présentées : celle de l’équipe sortante, la nôtre, une liste « citoyenne » comme on les appelle et une liste issue des conseillers municipaux d’opposition sortants.
Valoriser mes axes de programme
Cette situation relativement inédite dans notre département, puisque jusqu’alors l’ancien maire n’avait jamais eu de véritable concurrence, a rapidement attiré l’attention des journalistes locaux.
A un mois des élections, ils nous ont alors contacté pour nous proposer un format de débat « face à la presse » animées par la PQR locale (TV, radio et presse écrite).
Les deux têtes de liste concurrentes étaient particulièrement enthousiasmées par l’idée, puisqu’habituées à l’exercice, mais de mon côté j’étais plus méfiante.
Inquiète à l’idée que le débat ne se centre qu’autour d’attaques personnelles comme c’était le cas depuis quelques mois, j’ai fini par accepter la proposition avec une condition. Celle de valider en amont les grandes thématiques du débat.
« La mobilité dans la commune », « l’urbanisme et vous », « faire vivre la mixité sur le territoire » ont finalement été les trois sujets retenus par les journalistes après une réunion où nous avions mis autour de la table les interviewers et les autres têtes de liste en défendant chacun nos grands axes de campagne.
A l’occasion de cette réunion, nous étions également parvenus à fixer une limite claire : pas d’attaques sur la vie personnelle ni de questions sur les choix de vie qui y sont liés.
Envisager tous les angles d’attaque
Par chance, nous avons eu près de 10 jours pour préparer ce débat, qui également ouvert au public et organisé dans la salle des fêtes de la commune, a bénéficié d’une grande publicité dans les médias locaux.
Une fois les sujets définis, nous avons organisé trois réunions de préparation avec l’équipe de campagne.
L’objectif était de me permettre de me mettre en condition en anticipant au mieux les attaques des autres têtes de liste et les réponses à y apporter.
Comme j’avais fait le choix de construire une campagne très orientée sur le renouveau et la citoyenneté, il était indispensable que je parvienne à me démarquer de mes concurrents en valorisant les axes clés de mon programme.
Cette partie était finalement la plus simple, puisque la plus naturelle chez moi, je me suis donc concentrée sur les attaques qui risquaient d’émaner de la part de la concurrence.
Pour cela, nous avons organisé au fil de ces réunions des simulations de débat :
- une entièrement axée sur la défense du programme (chiffres clés, arguments les plus marquants, déconstruction des arguments des adversaires),
- une orientée sur la défense de notre choix de composition d’une liste entièrement citoyenne et donc “nouvelle” dans le monde politique locale (choix fréquemment raillé par les équipes sortantes)
- et enfin une dernière où nous nous sommes concentrés sur les coups bas et les réparties à prévoir (les attaques personnelles sur mes choix de vie en tant que femme ayant particulièrement animé une des listes sortantes je savais qu’il fallait m’y préparer quoi qu’il advienne).
Travailler son attitude
Avant je n’étais pas une grande habituée des médias locaux. L’idée de passer à la radio et à la télévision m’impressionnait beaucoup.
Il m’a donc fallu travailler en amont ma posture (apprendre à me tenir droite, les coudes posés sur la table, me situer face au micro…) ainsi que mon phrasé (la clarté de ma diction, mon souffle, le fait de ne pas parler trop vite).
Finalement, le débat s’est très bien déroulé, rassurée par les fiches d’arguments que j’avais emmené avec moi, nous avons finalement remporté cette élection le mois suivant.