Vous êtes élu et hésitez à vous représenter ? Récit de campagne d’une élue qui fait le point avant de lancer sa candidature pour l’élection
De plus en plus de candidats sortent du bois. A un an des prochaines élections municipales, les enjeux de pouvoir s’affirment. Petites ou grandes communes, les candidats se regroupent pour constituer les listes de demain. Tout au long de l’année, Céline vous donnera rendez-vous tous les lundis pour un récit de campagne : dans les coulisses des municipales. Premier rendez-vous : faire le point sur son mandat pour lancer sa candidature pour la prochaine élection.
Jeune et enthousiaste : je suis l’élue de terrain
Posons le contexte. Elue dans une commune de 3500 habitants tout juste, nombre d’élus ont plus de 60 ans dans ma liste. Une véritable aubaine pour mon maire sortant : de plus en plus de retraités viennent lui porter du soutien au quotidien. Mais, nous devons l’avouer, une majorité de sexagénaires n’est pas la marque de fabrique d’une politique visionnaire.
Alors qu’Henry, maire de ma commune, a ressenti une forte solitude en début de mandat – le renouvellement de la liste a permis un rajeunissement considérable des équipes – car nous étions une majorité d’actifs, il est aujourd’hui ravi de pouvoir compter sur une demi-douzaine de retraités pour l’épauler. Ces mêmes qui, aujourd’hui, se montrent dès qu’ils le peuvent pour “marquer leur territoire”.
Dans ce contexte où tout le monde se cherche : quelle place est-ce que j’incarne ? Est-ce que je repars ? Ai-je tout simplement envie de rester encore 6 ans dans ma commune ? J’ai pris un axe un peu différent : après m’être officiellement engagée auprès de mon futur candidat il y a plus d’un an – ce qui fera l’objet d’un futur récit de campagne – j’analyse mon impact localement. Jeune et enthousiaste, je suis l’élue de terrain, celle qui va tous les dimanches au marché, qui échanges autour d’un café avec les commerçants locaux ou qui, les courses à la main, n’hésite pas à prendre les doléances de ses administrés dans l’épicerie locale. Cet enthousiasme attire la sympathie des acteurs locaux, ce qui constitue un avantage considérable : si personne ne se méfie de moi alors on m’informe de nombreux sujets. Allant discuter avec beaucoup, je suis souvent à la croisée de plusieurs chemins et ai la capacité d’agréger de nombreuses informations stratégiques.
Mon risque : être celle qui en sait trop
Une de mes seules problématiques : être justement cette élue sympathique à qui on peut dire beaucoup de choses. Je n’ai pas le profil du requin qui écrasera tout sur son passage, ainsi, on ne me voit pas arriver. Il existe pourtant un risque dans un temps de campagne : vouloir connaitre une vérité inaccessible.
Je le sais, chacun a sa propre vérité. Alors, quand il s’agit de “prendre la place de”, de “se positionner”, de comprendre les agissements des adversaires et de ceux qui sont dans notre propre liste, ce surplus d’informations peut être dangereux. Je ne compte plus le nombre de fois, où, je n’ai plus su qui croire tant le nombre d’avis était fort et m’avait été confié. Dans ces moments-là, mon carnet de valeurs me sauve !
J’ai instauré, il y a maintenant 4 ans, une pratique qui me tient à coeur. Je note dans un carnet tout ce qui me fait vibrer pour mon territoire. Le lancement du CMJ, la réhabilitation de l’école de garçons en salle de danse, la mise en place d’un nouveau de terrain de rugby intercommunautaire etc d’une part, et les valeurs que j’associe : l’égalité au service public, la coopération territoriale, la citoyenneté, etc. Cette petite pratique me sauve au quotidien : elle me permet de me reconnecter et travailler à mon envie de projet pour les élections de 2020. Quand Eric – notre premier adjoint qui prend la succession d’Henry – est venu me chercher – j’ai repris mon carnet pour travailler à l’ambition du projet que je voulais mener avec lui.
Il reste encore beaucoup à faire et notre future liste – composée de multiples profils – a mis un peu de temps à se constituer. Mon envie : réinventer mon village pour le porter comme pionner sur son territoire. L’histoire continue…