Sylviane Réau est conseillère municipale dans la commune des Pennes-Mirabeau, située dans le département des Bouches-du-Rhône. Elle nous partage aujourd’hui les actions qu’elle met en place, face au phénomène de prolifération des chats dans sa commune.
La mise en place d’un plan de stérilisation des chats errants
En tant que conseillère municipale déléguée à la cause animale, l’errance féline est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, notamment dans le département des Bouches-du-Rhône, car on y compte une forte multiplication du nombre de chats errants dans nos rues. Je suis également référente du département pour l’association One Voice, qui milite pour les droits humains, les droits des animaux, le droit de l’environnement et le respect de la vie sous toutes ses formes. J’organise pour One Voice, un événement une fois par mois à Aix-en-Provence, pour mettre en avant les causes défendues par l’association pour la cause animale, comme l’errance féline, la corrida, la fourrure, l’expérimentation animale, les delphinariums, les cirques, les blaireaux, les loups entre autres.
En France, il y a 14 millions de chats en famille et dans les rues nous en avons 10,7 millions ! La majorité de ces chats provient de particuliers qui ne font pas stériliser leur animal, alors qu’ils ont accès à l’extérieur.
Face à cette reproduction massive des chats, et en l’absence de maîtrise de cette prolifération sur ma commune, j’ai décidé, dès mon arrivée en tant que conseillère municipale, de mettre en place un plan de stérilisation des chats errants. Celui-ci a été voté en conseil municipal au mois de novembre 2020.
Ce plan est en partenariat avec l’association 30 millions d’amis, ce qui permet d’identifier les chats, qui sont ainsi protégés par la loi. L’identification est au nom de l’association 30 millions d’amis mais les chats se situant sur le territoire de notre commune, sont sous la responsabilité de la municipalité. Cette identification permet, s’il y a un acte de maltraitance ou de cruauté réalisé sur un de nos chats, de porter plainte pour maltraitance et sanctionner lorsque l’auteur est retrouvé. C’est donc l’association qui aide au financement à hauteur de 50 % le montant des prises en charge, sur les identifications et les stérilisations, et nous nous occupons de la gestion des chats.
Le plan de stérilisation est applicable uniquement sur le domaine public et sur des chats semi-sauvages ou sauvages pour des raisons de législation et d’assurance. Une fois les chats identifiés, ils passent du statut de chat errant à celui de chat libre, et sont alors protégés par la loi et sous la responsabilité de la ville.
L’objectif : stopper la prolifération
Un chat peut avoir en moyenne deux portées de 3 à 4 chatons par an, autrement dit, une femelle peut avoir jusqu’à 8 chatons par an, cela multiplié par le nombre de femelles non stérilisées nous amène à des chiffres exponentiels ! De plus, ces chats qui vivent dehors, se trouvent confrontés à la faim, la soif, le froid, les maladies, les accidents, mais aussi les actes de maltraitance de tous ceux qui ne les supportent pas.
Donc, même si le taux de mortalité est élevé, la plupart survivent dans des conditions inacceptables.
Pour vous donner un chiffre, à Marseille, il y aurait actuellement entre 5000 et 8000 chats errants.
Être sur le terrain
Lors de mon élection, il n’y avait pas d’association présente sur ma ville. J’ai donc décidé de gérer moi-même le plan de stérilisation car je suis Élue mais également présente sur le terrain : je capture les chats, les amène chez le vétérinaire pour les faire stériliser, je garde les femelles entre deux à trois jours chez moi après l’opération puis je les relâche, comme convenu, sur leur domaine de capture. Je ramasse également les chatons afin de les sociabiliser et les faire adopter en conformité avec la loi, identifiés, vaccinés avec obligation de stérilisation à leur 6 mois. Sur l’année 2021, j’en ai ramassé 31.
Dorénavant, je travaille avec une association de ma commune : Animals Voicing, qui m’aide à capturer les chats, à récupérer les chatons abandonnés, à héberger les chats, et pratiquer les adoptions. J’ai également un partenariat avec une fourrière, qui intervient pour recueillir tous les animaux en errance, blessés ou décédés, et avec qui j’ai négocié aucune euthanasie de confort.
Le partenariat avec la fondation Bardot
La fondation Brigitte Bardot nous donne une vingtaine de bons de stérilisation chaque année. Il s’agit d’une simple stérilisation, cela me permet d’aider des Pennois qui ont un nombre accru de chats dans leur jardin qu’ils nourrissent et qui m’ont interpellée pour des besoins de stérilisation de ces animaux auxquels ils sont très attachés. Je leur fais parfois don de bons Bardot pour aider ces personnes qui investissent financièrement pour ces chats afin de stériliser les populations, et leur fais avoir un tarif associatif.
Les vétérinaires partenaires
J’ai également négocié avec deux vétérinaires de la commune des prix associatifs défiant toute concurrence. Pour la stérilisation d’un mâle ils nous font un prix de 40€ alors que le prix normal de base se situe entre 85 et 90€, pour la stérilisation d’une femelle, nous avons un prix de 70€ lorsque le prix de base est à 140€.
Ces prix associatifs sont proposés aux personnes qui ont donc beaucoup de chats dans leur jardin et qui investissent financièrement pour maitriser leur prolifération, mais également aux Pennois à faibles revenus, qui sont non imposables, sur justificatif.
Je contacte donc ces vétérinaires pour les prévenir qu’une personne viendra faire stériliser un chat et ils peuvent payer facilement l’opération grâce à ces tarifs associatifs.
Les mères nourricières / ou nourriciers
Il s’agit de personnes bénévoles qui achètent de la nourriture pour aller la donner aux chats de la commune. Nous sommes la première ville des Bouches-du-Rhône à avoir donné une reconnaissance aux mères nourricières, elles sont référencées au niveau de la Mairie. Nous comptons parmi ces dames, deux hommes actuellement. J’organise également une réunion annuelle avec tous, où nous échangeons sur l’évolution du bien-être de ces chats. Une carte avec le logo de la ville et leur nom leur est délivrés tous les ans, leur donnant ainsi la légitimité de nourrir les chats sur notre territoire et les protégeant des propos parfois injurieux de réfractaires. Tous ont également signé une charte. D’autres villes m’ont contactée pour me demander des conseils sur ma pratique de mise en place de cette reconnaissance (comment réaliser la charte, quelle carte, etc.). Je partage donc mes bonnes pratiques avec les communes qui souhaitent mettre en place ce genre d’outils.
Aujourd’hui, la cause animale a pris de l’ampleur et s’est invitée dans les débats politiques, il me semble donc important de partager mon travail.
Les hôtels à chats
Ces mères nourricières construisaient souvent, sur des sites de nourrissage, des abris à chats “faits maison”, assez sommaires et pas forcément au goût de tous, ce qui provoquait des destructions du côté des citoyens de la ville. Pour l’instant, grâce à l’aide des services techniques et de bénévoles, nous comptons quatre hôtels à chats assez design sur des lieux différents. Ces endroits sont sécurisés afin qu’ils ne soient pas saccagés et la population en est informée.
Vétérinaire pour tous
Très récemment j’ai mis en place le plan “Vétérinaire pour tous” avec un vétérinaire qui a accepté d’adhérer au programme. Ce plan est à disposition des personnes qui ont de bas revenus (RSA, minimum vieillesse) et consiste à leur proposer la possibilité de payer l’ensemble des soins pour leurs animaux domestiques à hauteur de 30% du prix de base payable en deux fois. Le tarif est divisé en trois : le vétérinaire baisse son prix d’environ 33%, “Vétérinaire pour tous” prend environ 33% à sa charge et la personne ne paie donc plus qu’environ 33%. Les rendez-vous sont également très rapides. Cela permet de proposer une solution aux Pennois n’ayant pas les moyens de soigner leurs animaux et ne pouvant pas se rendre aux dispensaires des villes comme Marseille notamment qui proposent des délais assez longs.
Le bilan
Depuis que j’ai mis en place le plan de stérilisation sur la ville en novembre 2020 et jusqu’au 31 décembre 2021, avec tous les moyens décrits plus haut, nous avons stérilisé plus de 200 chats. Pour que ce plan soit réellement une réussite, il est nécessaire que tout particulier ayant un chat qui a accès à l’extérieur, fasse stériliser son animal, afin de ne pas contribuer à repeupler les populations déjà existantes.
J’ai mis en place une réelle structure pour répondre à un but premier qui est de stopper la prolifération des chats mais qui répond également aux différents besoins des Pennois au sujet de la cause animale. Je ne me restreins pas uniquement au sujet de la prolifération des chats mais je pense que c’est un thème très important à traiter en urgence dans toute la France.