Nous l’observons tous les jours, les droits des femmes sont toujours à une frontière floue et peuvent être vite remis en question. Des débats animent la France, mais pas que…
Nous l’observons tous les jours, les droits des femmes sont toujours à une frontière floue et peuvent être vite remis en question. Des débats animent la France, mais pas que : de l’Argentine à la Pologne, de l’Espagne aux Etats-Unis… Alors l’impact local a aussi un rôle à jouer. Sylvie et Dominique, élues dans des communes de 5.000 et 2.100 habitants, ont un point commun : elles n’ont pas la délégation mais tentent de faire valoir la parité dans leur collectivité.
La parité, un concept flou
Dominique : “J’ai bien conscience que la question de la parité reste plutôt floue pour nombre de mes collègues, et notamment mon maire. S’ils la respectent, c’est bien parce que la loi l’oblige, mais ce n’est pas (encore) une volonté.” Ce témoignage revient souvent dans les petites communes où les élu.e.s ont tendance à s’éloigner de ce qui n’est pas palpable. Et cela s’entend… Pour autant, ce n’est pas une raison pour mettre la question de côté !
Alors Sylvie aussi s’organise pour faire entendre sa voix mais aussi – et surtout – celle des femmes. : “La plupart de mes collègues masculins considèrent que les femmes doivent pouvoir avoir accès “aux mêmes mandats” que les hommes. Une première approche très plaisante. Mais dès que l’on parle délégation à l’urbanisme ou aux finances, voire plus fou encore, un mandat de maire pour une femme, les réactions ne sont plus les mêmes. Non pas qu’ils considèrent que nous n’en avons pas les capacités mais “tu comprends, Sylvie, Marc est là depuis longtemps, il mérite cette délégation”.
Quand il s’agit de la répartition des délégations, les élues nous rapportent ce témoignage commun: les hommes ne comprennent pas (pas tous) ou bien, font semblant de ne pas comprendre. Dominique en parle avec beaucoup de clairvoyance : “Pour eux, la parité est une question de quota finalement, que les femmes puissent arriver à des postes stratégiques, cela n’est pas une possibilité.”
Continuer à se battre
Et de continuer : “Je ne me laisserai pas décourager ! Dès que je reconnais une situation sexiste je la relève. Petit à petit, mes collègues font attention et, quand je suis là, ont tendance à retenir leur propos. Une petite victoire qui, j’espère, permettra d’instaurer un peu moins de mots sexistes, de situations qui révèlent un manque d’égalité…”
Heureusement, Dominique n’est pas seule. Il existe une véritable solidarité entre les élues. Pour se faire entendre, dans des conseils communs ou au sein de certaines commissions, elles rappellent, quand il le faut, qu’elles sont élues de la même manière que leurs homologues masculins.
“Si les mentalités tendent à évoluer dans mon conseil municipal, il reste encore beaucoup à faire à l’échelon intercommunal. Pour 1 président et 12 Vice-Président.e.s, seulement 2 sont des femmes, et il n’y a que 3 femmes maires dans le territoire. L’une d’entre elles a d’ailleurs décliné un mandat de vice-présidence envoyant un autre élu à sa place car elle souhaite se consacrer à 100% à sa commune. Cela en dit long sur la représentation du pouvoir et les barrières que nous nous mettons en tant que femme politique” nous explique Sylvie. Les récents travaux des associations d’élu.e.s, les réseaux locaux d’Elueslocales, convergent vers un accord : il faut encore légiférer ! Nous l’entendons même pendant nos formations, les élues ont besoin d’avoir un cadre légal qui les soutienne.
Dominique et Sylvie siègent dans des conseils différents, mais sont du même avis et souhaitent lancer un appel général aux femmes élues et non élues qui veulent rejoindre le monde de la politique locale : “Mesdames, menez des listes et lancez-vous ! La politique a trop besoin de nous et doit nous ressembler. Nous sommes 52% de la population, 52% des électeurs et 52% de ceux qui agissent en local. Les femmes doivent se donner les mêmes moyens que les hommes pour faire changer les pratiques, pour inspirer nos filles et enfin prendre notre juste place. C’est enfin à nous de nous lancer !”