Rencontre avec Bernadette Guéry, femme élue engagée dans sa ville. Dans son action locale elle lutte contre les inégalités sociales.
Bernadette Guéry, est conseillère municipale déléguée à la mairie de Blagnac, une commune située dans la périphérie toulousaine. Cette femme mène depuis qu’elle est élue et en charge notamment des questions de logement, un combat acharné contre les inégalités sociales et pour l’intégration et la protection des minorités dans sa ville. Nous nous sommes intéressés à elle, à son parcours et à ses nombreux espoirs. Quand nous commencions la discussion, notre interlocutrice a semblé motiver ses actions politiques par les combats personnels que sa vie de femme et de citoyenne avaient traversés. Si bien que, l’intérêt de notre conversation se porta principalement sur une déclaration précise : toute la politique de l’élue doit pouvoir se jouer sur l’autel de sa personnalité et de ses convictions.
Des convictions qui dessinent les contours de l’engagement
Au départ, si l’élue « caoueco » s’est lancée en politique, c’est après avoir entrepris une réflexion tout au long de sa vie entrechoquée de « situations personnelles » diverses. L’engagement en politique serait alors déterminé par un événement marquant ou tout simplement l’expérience d’une vie empreint de combats et de convictions.
A ce sujet-là, Bernadette Guéry ne manque pas d’opiniâtreté quand elle évoque avec sincérité ce qui la touche au plus profond d’elle-même : devenir élu, ce n’est pas seulement représenter les citoyens, c’est agir en profondeur en remettant « l’humain au cœur du projet politique ».
Son combat a toujours été principalement social. Dans sa commune, l’élue a bataillé pour que des logements d’urgence soient attribués à des sans-abris en situation critique. Sa délégation au logement est en constante relation avec des associations blagnacaises portées par une volonté d’efficacité : « on arrive toujours à trouver une solution en 48 heures, je n’accepte pas que quelqu’un dorme dans la rue ». Ce sont les femmes qui sont d’ailleurs les plus exposées à ces risques : « les femmes sont plus fragilisées parce que souvent, elles cherchent à s’enfuir et à s’éloigner de leurs maris violents ». La quête d’une justice sociale est donc au cœur des combats qu’elle mène.
« Chaque délégation correspond à la personnalité de l’élue »
Mais d’où vient cette abnégation qui semble si intensément l’animer ? Bernadette Guéry n’a pas attendu d’être élue pour être une femme engagée. Elle nous raconte que cette sensibilité pour les questions sociales, elle l’a depuis toujours. Ce qui caractérise notre élue est alors plus qu’un simple engagement politique, c’est un altruisme qui pousse aussi à redéfinir le véritable rôle de l’élu-e.
« Faire de la politique, c’est un acte citoyen »
La femme élue qu’elle est ne tente pas de faire de différence entre convictions personnelles et actions politiques. C’est même peut être la clé d’une politique efficace : se mettre à la place des citoyens pour les comprendre : « on ne peut pas donner aux autres ce que nous on ne voudrait pas ». On touche donc à la quintessence du social qui consiste à agir en politique non pas mécaniquement mais par sensibilités aux problématiques des citoyens : « quand j’aide une femme à trouver un logement, je ne peux pas l’imaginer emménager dans un quartier sensible ». A ce titre-là, l’élue évoque aussi une certaine dimension matriarcale de son rôle. L’influence de ce qu’on est sur la politique qu’on mène est donc bien toujours présente dans son discours. Cette connexion qu’elle entretient avec ses citoyens passe aussi par le dialogue, la proximité sociale reste la marque de fabrique de l’élue : « moi ce qui m’intéresse dans mon mandat, c’est lorsque je rencontre des gens, leur histoire et leur parcours ».
Pour ailleurs, il semble que pour notre élue, avoir des convictions ne suffise pas. Il faut en effet pouvoir les animer, et c’est la personnalité et la force du caractère qui en sont les clés.
La force de la personnalité pour animer ses combats
C’est de ce fait la question de l’égo qui est souvent revenue pendant notre entrevue. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Pour Bernadette Guéry, « l’égo est important, c’est un bouclier et la politique est une arène ». L’égo vient alors d’une certaine manière protéger l’élue face aux différents obstacles qu’elle peut rencontrer, notamment les comportements machistes de certains hommes qui même au niveau local peuvent faire des ravages. C’est donc cette force dans la personnalité de l’élue, gouvernée par une certaine fierté qui permet de ne jamais renoncer.
« L’égo est une graine qu’on a à l’intérieur et qui germe plus ou moins. On en a besoin car sinon c’est la confiance qui est mise en péril »
Si l’égo devient une force, il est évidemment question de trouver un équilibre. Cette stabilité dans la personnalité peut être un atout supplémentaire : il ne faut pas perdre de vue qu’un excès de confiance pourrait avoir des effets négatifs sur les services et les relations entre les différents élus mais aussi indirectement sur la capacité à servir l’intérêt général. Aussi faut-il donc que cet « égo » soit mesuré, tempéré pour faire régner une harmonie afin de rendre efficace le travail politique : « faire de la politique, c’est aussi une affaire de confiance, de degré de confiance avec la directrice d’un service par exemple (de la mairie) ; et si vous êtes en connexion directe, les situations sont réglées efficacement ».
« La politique, c’est un engagement de tous les jours : quand j’ai des conditions d’attribution de logement, moi je ne regarde pas si c’est le 22 juillet ou le 25 décembre »
Enfin, et c’est sans doute l’une des limites auxquelles souvent les élues se retrouvent confronter : lorsque l’on se dévoue corps et âmes à la cause publique, la vie privée peut sembler pour certaines femmes élues mise de côté, voire pour d’autres abandonner. Pour la conseillère municipale, l’engagement politique est plus qu’un métier mais une vocation qu’il faut savoir maîtriser. Les opportunités professionnelles, les évolutions de carrière et les succès politiques ne doivent pas aveugler l’élue dans ses objectifs d’intérêt général. Encore une fois, l’égo consiste aussi à ne pas en avoir trop. Nous laisserons alors la conclusion à Bernadette Guéry, qui résume assez bien sa personne et son combat : « en définitive, ce n’est pas la reconnaissance personnelle qui m’intéresse, mais la satisfaction que j’apporte à mes concitoyens ».