Olivier Carré, Député-Maire d’Orléans, revient sur les enjeux de l’habitat pour l’Etat et les collectivités territoriales.
Les collectivités ont beaucoup évolué sur les questions du logement et s’organisent elles-mêmes grâce à leurs documents d’urbanisme. Olivier Carré, Député-Maire d’Orléans, revient sur les enjeux de l’habitat pour l’Etat et les collectivités territoriales.
Le parcours résidentiel, clé de réussite d’une politique de logement
Le parcours résidentiel c’est réfléchir aux orientations politiques du logement en faveur d’un point d’entrée : le fonctionnel. “Un parcours résidentiel est l’organisation du logement afin d’accompagner les citoyens en répondant à leurs besoins tout au long de la vie. C’est une clé de lecture à avoir pour ne pas raisonner en fourniture de biens sur un territoire mais en faveur d’un usage de l’habitat” explique Olivier Carré. “Si entre 1970 et 1990 environ, la logique était de produire du quantitatif en matière d’habitat, aujourd’hui il faut revoir cette orientation. Beaucoup de zones sont, à ce jour, détendues voire rejetées par une partie de la population les rendant en difficultés. Cela implique que les territoires fonctionnent à deux vitesses. L’enjeu principal pour l’Etat est de donner les moyens à ces différentes zones afin d’accompagner les territoires et éviter de creuser les différences”.
Orienter sa politique de logement dans une logique fonctionnelle, c’est par exemple, “permettre à un jeune couple de s’insérer dans un parcours résidentiel grâce à l’achat et la rénovation du bâti. Une orientation très intéressante qui peut s’opérer grâce à des prêts à taux zéro (les PTZ) ou en jouant sur les aides à la rénovation”. Olivier Carré ajoute : “pour cela, il faut que les collectivités aient plus de libertés et se détachent petit à petit de la tutelle de l’Etat en matière de logement”.
Favoriser le logement qualitatif
C’est ce que préconise le Député-Maire d’Orléans : “trop souvent, c’est le nombre de logement qui est favorisé. Mais il nécessaire d’aller au delà de cet axe et recentrer les débats sur les besoins de logements. Quel type de logement pour quelle demande ? Une façon de le faire est de qualifier la demande sur le territoire.” Cette qualification permet de redécouvrir la vérité du terrain : “les modifications démographiques évoluent et sont souvent très éloignées des stéréotypes qu’ont les élus et les services, sur la population locale”.
L’un des axes les plus importants pour Olivier Carré concerne bien sûr le besoin et la qualification des logements pour être en adéquation avec le parcours résidentiel. M. Carré va plus loin : la non adéquation entre les besoins et l’offre mène “à un manque de fluidité qui, à terme, bloque le marché. La France est l’un des pays où on se loge le plus mais qui connait une crise du logement.” Pourquoi ? Le besoin ne concerne pas seulement la superficie ou la typologie de l’habitat, il conditionne le prix, la proximité aux services aux commerces. Si le territoire n’évolue pas en prenant en compte les changements de comportement de ses habitants, il risque de ne plus devenir attractif et sera fui. Si les citoyens ont besoin des logements, n’oublions pas que la commune a, elle aussi, besoin de leur présence. Olivier Carré conclut “il n’est pas nécessaire de penser que cette conception est trop compliquée, elle peut être très simple. Penser les réalisations en fonction des besoins rendra un territoire plus intelligent et surtout plus attractif”.
Être transparent sur sa politique de logement
Qui dit territoire dynamique dit offre de logement pour tous types d’habitants : seul ou à plusieurs, en couple, célibataire, en famille ou en colocation, les possibilités sont multiples. Les communes tentent de diversifier l’offre possible en multipliant les types de logements. Par exemple, celles qui se sont concentrées sur une parc résidentiel sous forme de maisons via des lotissements se rendent compte de l’importance d’apporter une un complément d’appartements pour convenir à une autre population.
Pour cela, Olivier Carré conseille la transparence “il faut donner un sens à votre projet et le diffuser auprès des citoyens. La valeur de celui-ci ne peut exister sans eux, ils participent au dynamisme de la commune. La valeur du foncier n’est pas seulement liée à la signature d’un permis de construire, c’est au-delà.” Pour cela, “soyez à l’écoute”. “Par exemple, pour les logements aidés, il ne faut jamais cacher la copie. Si les élus cachent, ou font en sorte de ne pas beaucoup communiquer sur leurs projets urbains, les habitants en concluront que le projet est néfaste”.
De nouveaux équilibres sont à développer, car, si le changement n’est pas toujours bien accueilli “la nécessité d’être à l’écoute des retours des citoyens est primordiale”. Non seulement leurs informations sont très importantes et apportent une expertise au plus proche des réalités du quartier, mais ils permettent aussi de valoriser leur lieu de vie en le rendant plus accueillant. Le Maire d’Orléans ajoute “c’est une question de valeur subjective, quand un projet d’immeuble à plusieurs étage s’implante proche d’un secteur pavillonnaire, il est du rôle du Maire de donner une vision ambitieuse de la commune et emmener les citoyens avec lui dans le projet. Le foncier ne représente pas simplement le prix du terrain de M. X c’est aussi psychologique : quel regard sur le quartier, sur l’environnement direct et comment révéler la valeur de tout cela”. Olivier Carré conclut “si les habitants sentent la valeur de votre projet, c’est un projet gagnant pour tout le monde”. Car, il est vrai que le véritable intérêt de la transparence n’est pas un enjeu de communication mais bel et bien une dimension positive à impulser et faire vivre à travers les habitants eux-mêmes pour valoriser un quartier.
Pour conclure, Olivier Carré offre plusieurs conseils aux élus :
- Ne pas hésiter à ouvrir le dialogue avec les citoyens : l’échange entre les élus et les habitants permet de donner de la valeur à la commune ou à un projet dans un quartier.
- Il ne faut plus penser en nombre de logement mais en termes de réponse aux besoins concrets. Analyser la population et sa façon de vivre donnent des informations précieuses sur la typologie de logements nécessaires.
Olivier Carré, est né le 16 mars 1961 à Orléans (Loiret). Marié et père de 5 enfants, il crée sa première entreprise à 22 ans après son DEA de finances (groupe CESA), dans la gestion de portefeuilles et la gardera jusqu’en 2008.
Maire d’Orléans depuis le 28 juin 2015, Olivier Carré a été au préalable 1erMaire Adjoint de la ville d’Orléans pendant 14 ans (élu le 18 mars 2001, réélu le 16 mars 2008 et 2014).
Il est charge de l’Urbanisme, du Logement et des Nouvelles Technologies durant les 2 premiers mandats, puis des grands projets économiques en 2014. Une délégation qu’il conserve entant que 1er Vice-Président de l’AgglO (depuis 2014). Il a été Président de l’OPH « les Résidences de l’Orléanais » et Président de la SEMDO de 2001 à 2014. Il est, aujourd’hui, Président d’Orléans Val de Loire Technopole et du Nouvel Hôpital d’Orléans.
Olivier Carré est élu député le 17 juin 2007, pour la XIIIe législature (2007-2012), dans la 1èrecirconscription du Loiret dite Orléans-Sud, et réélu le 17 juin 2012. Il entre à la commission des Affaires Economiques qu’il quitte en septembre 2009 pour entrer à la commission des Finances de l’Assemblée Nationale. Il est co-Président de la Mission d’Evaluation et de Contrôle chargée d’auditer les politiques publiques. Il est également membre du Conseil d’Administration et du Bureau de l’ANRU, Agence Nationale pour le Renouvellement Urbain, du Comité de suivi du programme des Investissements d’Avenir, et du Comité d’évaluation et de suivi des Aides Publiques aux Entreprises.
Il fait partie du groupe UMP devenu en 2015 Les Républicains. Il co-préside à l’Assemblée Nationale, le groupe d’études sur les entreprises.