Zones bleues et horodateurs à pièce sont remplacés par des stationnements numériques notamment pour les stationnement de la ville

Les zones bleues et horodateurs à pièce sont de coutume dans les communes. Pourtant, aujourd’hui, le numérique se répand partout : on organise des voyages, on paie, on se déplace, on se rencontre … et on organise la politique de stationnement de la ville ! Zoom sur ces nouvelles pratiques.

Rendre le stationnement numérique

Tout d’abord, rappelons que le stationnement reste une compétence communale. En effet, le maire conserve l’autorité de gestion en matière de circulation et de stationnement sur voirie bien qu’il puisse transférer cette compétence à l’intercommunalité. Seulement 12 % l’ont fait, signe que cette compétence reste stratégique pour les communes.

Composant majeur du dynamisme économique locale s’il permet une mobilité fluide, le stationnement a une importance stratégique loin d’être négligeable. En effet, les places de stationnement permettent d’accéder aux centres-villes pour y effectuer courses ou démarches diverses, elles facilitent aussi les déplacements individuels à partir des zones résidentielles. Pour un professionnel, elles permettent de raccorder la ville à la chaîne logistique de son approvisionnement.

stationnement numérique
Les horodateurs appartiendront-ils bientôt au passé ?

Alors que, sans réglementation, on assiste régulièrement aux phénomènes de « voitures ventouses » – véhicule qui reste stationné plus de 7 jours sur le même emplacement, soit un stationnement dit abusif -, une place payante rapporterait en moyenne près de 446€ par an à la collectivité. Mais encore faut-il que les automobilistes payent ces places.

Or, on estime que 2/3 des automobilistes ne paient pas le stationnement à l’horodateur. Bon nombre d’entre eux prennent le risque de ne pas régler surtout pour des courtes durées. Dès lors, les collectivité s’organisent : entre réduction des places disponibles – gratuites mais aussi payantes, nouveaux dispositifs de contrôle ou développements d’applications.

L’organisation en temps réel

A l’ère du numérique et des smartphones, des solutions simples pour se garer plus “facilement” sont à la portée de tous tant sont légion les applications d’aide au stationnement. Si bon nombre se contentent d’indiquer où trouver des places disponibles dans des parkings, d’autres se nourrissent de l’expérience utilisateur pour guider en temps réel le conducteur vers les zones où il aura le plus de chance de trouver une place disponible. On estime ainsi qu’aujourd’hui 23 % des automobilistes repéreraient à l’avance les possibles endroits où se garer.


A noter qu’il ne serait guère pertinent pour une commune de vouloir développer sa propre application tant la concurrence est forte. Un simple partenariat avec une société développant sa propre application apparaît plus avantageux pour tous : meilleure visibilité de l’application grâce à la communication municipale, meilleure service grâce à l’apport des données des autorités, etc.


Parmi cette constellation d’applications, citons en guise d’exemple ParkingMap. Elle donne à chaque automobiliste l’indication de possibles occupations de 20.000 parkings de 117 villes de France mais aussi la disponibilité de 53.000 places en temps réel à La Rochelle, Lyon, Nancy, Nantes, Strasbourg et Rennes. Il suffit de rechercher l’emplacement du parking où se stationner, pour se faire guider jusqu’à sa place, sa disponibilité donnée en temps réel, permettant ainsi de réduire significativement les déplacements et le temps perdu à la recherche d’un emplacement libre.

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Aujourd’hui, de nombreuses applications vous guident vers les places libres

De son côté, des applications comme Polly se nourrissent des retours d’utilisateurs afin de parfaire leur connaissance des rues, de la fréquentation des environs et des panneaux de stationnements. Ces données permettent alors de guider l’automobiliste vers les rues où il sera le plus susceptible de trouver de la place pour se garer ainsi que les parkings alentour en cas d’échec, grâce au GPS embarqué. Fini de tourner en rond pendant de longues minutes en quête d’un emplacement !

Au rayon des nouveaux dispositifs de contrôle à l’ère du numérique, à Saint-Amand-Montrond (Cher, 18), la municipalité a installé début 2016 un très intéressant dispositif basé sur 21 capteurs « place-minute ». Installés sur des places situées à proximité immédiate de commerces ou services, ces capteurs fonctionnent à l’aide d’un logiciel de supervision et « au bout d’une demi-heure [ndlr : délai gratuit], si la voiture est toujours là, le capteur envoie un signal à la police municipale qui intervient pour demander à l’automobiliste de bouger son véhicule », explique Thierry Vinçon, le maire de la commune. L’objectif : faciliter l’accès à ces commerces, encourager un roulement et éviter les voitures ventouses.

Le paiement numérique

Angoulême, Le Havre, Boulogne-Billancourt, Nantes, Paris ou encore Bordeaux, bon nombre de villes délaissent progressivement les horodateurs traditionnels au profit de bornes de paiement connectées. Adieu les pièces jaunes, bonjour au paiement numérique.

Divers systèmes de paiement par smartphones existent. A Bordeaux par exemple, il faut s’inscrire, ou directement auprès de la Police municipale, ou en créant un compte sur le site de la commune qui va héberger identifiant du numéro de téléphone, carte grise et coordonnées d’une carte bancaire valide pour le paiement. Cet abonnement permet aussi à l’automobiliste de bénéficier d’un tarif préférentiel dans sa zone de résidence.

Une fois garé, celui-ci va identifier l’horodateur puis composer un numéro de téléphone où il lui sera répondu que sa demande est prise en compte. Il recevra alors un SMS de confirmation. Il pourra ensuite prolonger ou interrompre le stationnement par le même biais. Il peut aussi envoyer par SMS son numéro de plaque d’immatriculation, obtenir la confirmation que le décompte de son temps de stationnement est déclenché et recevoir un sms de rappel. En fin de stationnement, le temps consommé est facturé en fin de mois via l’opérateur du mobile.

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Payer son stationnement via son smartphone, à Montpellier aussi c’est possible

Dans le même ordre d’idée, à Paris, l’application « P mobile » lancée par la Mairie permet de régler, dans tous les arrondissements de la ville, sa place de voiture depuis son smartphone. Dans un dispositif relativement similaire à ce qui se fait à Bordeaux mais aussi présent dans un nombre grandissant de villes en France comme à Mulhouse. Après avoir créé son compte lors de sa première connexion, l’automobiliste va entrer le code de son arrondissement qui est affiché sur les horodateurs, sélectionner une durée et un tarif en fonction de son profil – résident, visiteur ou professionnel – pour « se garer numériquement ». Etant donné que tout est alors consigné en ligne, plus besoin d’apposer un ticket papier sur le pare-brise de sa voiture.

En plus de pouvoir régler en ligne, l’usager va recevoir un SMS ou une notification d’alerte dix minutes avant la fin du délai de stationnement. De plus, les modalités de contrôle sont simplifiées : il suffit que les agents de l’Agence de surveillance de Paris (ASP) se connectent avec leurs tablettes sur le serveur PayByPhone et rentrent le numéro d’immatriculation du véhicule pour vérifier que celui-ci est bien en règle.

Les contraventions se sont aussi converties au numérique avec le développement des « PVe » pour Procès-Verbal Electronique. Lors de ses tournées, l’agent va constater une infraction et la relever sur sa tablette, le titulaire de la carte grise va être immédiatement identifier grâce à la plaque d’immatriculation, l’avis de contravention est immédiatement édité et envoyé à cette personne. Ce système permet des procédures bien plus rapides mais aussi plus rigoureuses pour toutes les personnes verbalisées, en raison de l’automatisation du traitement des amendes. Enfin, de nouveaux moyens de paiement sont mis en place, notamment par Internet, par téléphone ou en ligne.

Avant même de sauter le pas du stationnement numérique, des évolutions simples peuvent aussi être étudiées. En effet, beaucoup d’horodateurs ne permettent pas encore de payer par carte. Or, une part grandissante de la population, notamment les jeunes ou la génération dite des millenials, biberonnés à l’utilisation quasi exclusive de la carte bancaire, se déplace rarement avec de la monnaie. Installer des horodateurs permettant le paiement par carte bancaire serait déjà une première étape dans la modernisation de son parc de stationnement.