Développement durable, transition énergétique, nouvel urbanisme, la ville est aujourd’hui soumise à de nombreux nouveaux enjeux. De nouveaux matériaux arrivent, les mobilités douces chassent les véhicules polluants des centres-villes, les…
Développement durable, transition énergétique, nouvel urbanisme, la ville est aujourd’hui soumise à de nombreux nouveaux enjeux. De nouveaux matériaux arrivent, les mobilités douces chassent les véhicules polluants des centres-villes, les villes sont plus agréables à vivre. En tout cas, quand on est un homme.
Car le vieux serpent de mer que sont « les villes pour tous et toutes » est encore loin d’être accompli…
La situation avance, partout en France, des élu(e)s mettent en place des initiatives pour une meilleure prise en compte des besoins des femmes dans la ville. Entretien avec Sylvie Guerry-Gazeau, maire de Clavette (17) située dans la communauté d’agglo de La Rochelle. Village au milieu de terres agricoles, soumis à une forte pression d’urbanisation, le choix a été fait de privilégier la qualité du cadre de vie et des politiques visant à un village pour tous et toutes.
Intégrer la vision des femmes dans la préparation du PLU
Avec parmi les priorités de sa mandature « l’amélioration du cadre de vie » et la volonté de préserver un certain côté « village » en refusant les tentations de l’urbanisation, l’importance donnée à ces notions entourant l’ambiance urbaine impliquait nécessairement de mieux connaître les attentes des femmes dans le village.
En réponse à une volonté municipale mais aussi à des demandes d’associations et de particuliers, un sondage a été conduit avec l’aide d’une école de communication. L’objectif : bien connaître les attentes des femmes, « le point de vue d’un peu tout le monde, quels intérêts, quel type de sport, quelles activités… ». De cette meilleure compréhension des besoins des femmes dans la ville va découler une politique d’urbanisme mais aussi une réflexion dépassant largement ce cadre, s’inscrivant dans une vision plus globale abordant également l’animation au sein de la ville par exemple.
En résumé, le sondage visait à pouvoir avoir une réelle vue sur les besoins de la population localement. Et les possibilités d’amélioration de l’espace urbain ne représentent pas que des immenses travaux : la consultation de personnes âgées a ainsi permis d’identifier comme problème l’absence de bancs publics sur une très grande distance, compliquant tout de suite leur possibilité de déplacement. En situation de restrictions budgétaires, on a là un exemple tout simple d’amélioration peu coûteuse grâce à une meilleure compréhension des besoins de sa population.
Avant d’installer des installations de loisirs en plein air, bien souvent critiquables, un vrai travail de réflexion doit être mené afin de bien savoir à qui elles bénéficieront, « est-ce que le beach-volley, c’est vraiment un sport féminin ? Parce qu’un terrain de beach-volley, ça coûte pas cher à mettre en place surtout pour une commune pas très loin de la mer », « on a un multi-sports, mais il est en général beaucoup plus occupé par des garçons que par des filles. Donc comment faire pour faire venir les filles dans ce multi-sports, ou qu’est-ce qu’il faudrait animer un peu plus au niveau féminin ? ».
De plus, il peut être bien de ne pas se limiter aux installations sportives : à l’instar d’un nombre grandissant de municipalités, Mme Guerry-Gazeau étudie la possibilité d’installer des « boîtes à livres », près des bancs notamment. Fondé sur le civisme et le partage, le principe est de disséminer dans sa commune plusieurs « boîtes » dans lesquels les gens peuvent venir prendre, déposer, rapporter des livres en libre accès.
La volonté d’une construction d’une « voie douce » reliant deux villages amène aussi à réfléchir aux différentes approches selon le sexe : les hommes n’ont pas les mêmes réticences que les femmes à traverser un petit bois par exemple, « les parents de jeunes femmes et de jeunes filles demandent à ce que les voies douces passent près de zones plus fréquentées ». Dès lors, se pose automatiquement la question de quelles parties de l’itinéraire éclairer ou non. La pression exercée par la baisse des dotations de l’Etat empêchant de mettre en place un système énergivore et donc coûteux, la consultation des principales intéressées devient indispensable pour faire du bon travail.
Un objectif en permanence en filigrane : que « l’ensemble des habitants, jeunes, vieux, hommes, femmes trouvent que le village est agréable à vivre ». Les freins existent, mais n’émanent pas d’une volonté d’hommes de mettre des bâtons dans les roues, des freins plutôt « involontaires, venant d’un manque de retour, d’un manque d’expérience et de connaissance ».
Des rendez-vous pour avancer ensemble
En ligne de mire, l’organisation prochaine de rendez-vous sur l’urbanisme au féminin, d’un atelier où pourront intervenir le directeur des services d’urbanisme de la communauté d’agglomération de La Rochelle, en partenariat avec les services communaux afin de ne pas devoir travailler « dans l’adversité ».
Seront invitées surtout des élues femmes mais les élus hommes ne sont en aucun cas forcément exclus de ces réunions. L’objectif de ces rendez-vous pour les élues est d’acquérir « plus de connaissances pour éviter certaines erreurs » et l’élaboration de fiches sur différentes thématiques à insérer dans le futur document du PLUi de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle et à destination des différents services impliqués (cadre de vie, équilibre entre les genres, etc).
L’idée à relativement court terme est d’intégrer ces rendez-vous, ces formations comme une véritable étape préalable à la préparation des futurs PLU ou PLUi, que les considérations d’égalité femmes-hommes ou d’ambiance urbaine soient toujours présentes dans les réflexions de la politique du village mais aussi de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle.