Les dernières élucubrations de la maison-mère parlementaire tentent en vain de parachever la délicate mission d’une stricte égalité entre les hommes et les femmes. Le gender mainstreaming, mot barbare, mais…
Les dernières élucubrations de la maison-mère parlementaire tentent en vain de parachever la délicate mission d’une stricte égalité entre les hommes et les femmes. Le gender mainstreaming, mot barbare, mais loin d’être « mainstream », annonce une nouvelle approche des techniques d’analyses du genre, comme nouveau critère d’optimisation de la vie publique locale.
Si le management public était « sexué » : le gender management
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Mot fantasque ou réalité ?
Les réflexions autour des nouveaux modes de déplacement dans la ville adaptés au développement durable, aussi louables soient-elles, semblent faire en désavantager certains : les femmes. En effet, essayer de supprimer les voitures en villes gênent considérablement les déplacements des femmes car elles sont très enclines à utiliser leur voiture, de par le sentiment de sécurité qu’elle apporte mais aussi car elles restent le plus souvent en charge d’amener les enfants à l’école, des courses ou d’aider les personnes âgées.
Les études le montrent, le vélo est utilisé par une majorité d’hommes (60 %, voire 80 % la nuit ou lorsqu’il pleut). De plus, diminuer l’éclairage public pour des économies est peu apprécié par des femmes pour qui la rue reste un espace public en partie hostile.
Pourquoi la femme semble avoir été oubliée ? Tout simplement parce décideurs, architectes, urbanistes, directeurs des services d’équipement et concepteurs des programmes urbains sont presque exclusivement des hommes ! Dès lors, il apparaît indispensable d’intégrer davantage de femmes dans les organes de décisions qui les concernent. C’est là le but du gender management.
Il veille à une meilleure représentativité des femmes à la fois dans l’appareil de production économique et dans les instances décisionnelles de la société. Ce principe de management appliqué aux métiers qui font la ville, tels que l’aménagement et l’urbanisme, l’architecture et la recherche scientifique, permettrait d’établir une rupture avec la prédominance masculine de ces filières.
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Un concept fumant ?
Oui, malgré de solides arguments, il n’en reste pas moins que le gender management nous fait nous questionner. Intéressons-nous alors quelques instants à ce qui peut nous poser problème.
Vrai ou faux débat sur la sécurité publique ?
Pour Arielle Piazza, adjointe en charge des sports à Bordeaux et impliquée dans l’intégration des femmes dans le milieu sportif, l’idée a été de mieux éclairer les espaces dédiés au activités de plein air de la ville pour que les femmes se sentent en sécurité. On se tromperait donc en affirmant que seul un renforcement global des pouvoirs et des effectifs de police pourrait mettre fin à ces désordres. En effet, la réflexion sur les causes de ces inégalités fondées sur le sexe et les violences envers les femmes pourrait ne pas être seulement appréhendée sur le long terme mais avec des actions spécifiques sur un temps plus court : « il faut ouvrir toutes les portes, c’est avec des petites choses qu’on fait des grandes choses ».
Une contradiction entre écologie et protection des femmes sur l’espace public ?
Cette confusion d’objectifs mettant en parallèle protection des femmes dans leurs déplacements, nécessitant un accès plus important à la voiture – aussi pour véhiculer les enfants – et lutte contre la pollution soulève en effet un paradoxe. L’impérieuse sécurité et confort de l’usager peuvent-ils remettre en cause les objectifs d’une ville propre et verte ? C’est exactement ce dont il sera question lors de la conférence « femme et mobilité » qui se déroulera dans la capitale girondine au moins de septembre 2017.
Le gender mainstreaming ne repose pas sur une simple logique de management. Il invite aussi les pouvoirs publics à rationaliser le budget local en fonction de la situation respective des hommes et des femmes .
Gestion des finances locales par le genre : le gender budgeting
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Placer le budget dans un prisme égalitaire
Le gender budgeting est défini comme l’évaluation des budgets existants avec une perspective de genre à tous les niveaux du processus budgétaire, ainsi qu’une restructuration des revenus et des dépenses dans le but de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.
En résumé, c’est l’analyse via le prisme du genre de toutes les formes de dépenses et de recettes publiques et l’inventaire de leurs conséquences directes et indirectes sur la situation respective des femmes et des hommes. Obligatoire en Belgique mais pas encore en France, il pourrait être un levier particulièrement intéressant afin de rééquilibrer les offres de loisirs municipaux entre filles et garçons (les études montrent sans équivoque que les offres de loisirs sont davantage destinées aux garçons).
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Un moyen d’optimiser le budget public
L’analyse et l’élaboration de budgets (recettes comme dépenses) tenant compte des situations respectives des femmes et des hommes peuvent par exemple permettre d’identifier certaines dépenses inefficaces et, par conséquent, améliorer la qualité des dépenses publiques. Le gender budgeting fonctionne donc de manière optimale dans le cadre d’un processus budgétaire tenant compte du résultat, de la stratégie mise en œuvre et des ressources mobilisées.
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Une critique à adresser ?
Face à une paupérisation de plus en plus importante, le genre est-il le seul élément à prendre en compte pour revoir les finances locales ?
La critique n’est pas acerbe, elle ne dit rien de négatif sur cette innovation. La paupérisation des politiques dédiées, autant que l’appauvrissement des dotations publiques trouvent un point d’accroche dans cette stratégie d’économie globale. Les femmes, souvent les premières touchées par les crises financières après avoir subies celles conjugales se retrouvent plongées seules dans l’océan dramatique du précariat. Le gender budgeting n’impose pas une vision édulcorée des fantasmes idéologiques, il vient au contraire renouer le contact entre les citoyens, notamment les citoyennes, et les pouvoirs publics de manière à répondre plus concrètement aux problématiques spécifiques .
Le gender mainstreaming porte l’espoir d’une évolution des rapports hommes femmes, débarrassés du légiscentrisme traditionnel, en favorisant une approche rationnelle et analytique des questions sociétales .
Votre test « gender mainstreaming »
- Question 1 – Quelles personnes sont (directement et indirectement) concernées par le projet et quelle est la composition sexuée de ce(s) groupe(s) de personnes ?
- Question 2 – Identifiez les éventuelles différences entre la situation respective des femmes et des hommes dans la matière relative au projet de réglementation.
- Question 3 – Certaines de ces différences limitent-elles l’accès aux ressources ou l’exercice des droits fondamentaux des femmes ou des hommes (différences problématiques) ?
- Question 4 – Compte tenu des réponses aux questions précédentes, identifiez les impacts positifs et négatifs du projet sur l’égalité des femmes et les hommes.
- Question 5 – Quelles mesures sont prises pour alléger / compenser les impacts négatifs ?
Les questions 1, 2 et 3 visent à connaître schématiquement la situation respective des femmes et des hommes dans la matière concernée par le projet. Elles nécessitent le recours à des statistiques ventilées par sexe.
Sur base des réponses à ces trois premières questions, la question 4 concerne l’évaluation de l’impact du projet sur l’égalité des femmes et les hommes.
La question 5 vise à mettre en évidence les éventuelles mesures compensatoires en cas d’impact négatif sur l’égalité entre hommes et femmes.
Pour être utile et correctement réalisé, cette analyse doit être entamée dès les premières étapes de la réflexion qui mène à la définition d’un acte législatif ou réglementaire.