Avec le dispositif « cantine à 1 euro », l’Etat invite les communes les plus modestes à prendre en compte les revenus des familles les plus touchées par la précarité. La nouvelle commune de Deux Rivières a choisi de s’inscrire dans cette démarche avec comme souci premier celui de garantir au moins un repas équilibré par jour aux enfants concernés.
Un dispositif d’Etat en soutien au budget des communes
En 2014, l’UNAF, l’union nationale des associations familiales, publiait une étude laissant apparaître que bien que les deux tiers des communes interrogées disposent d’une cantine scolaire, seules un tiers d’entre elles instauraient des tarifications adaptées en fonction des revenus ou de la situation familiale.
Un constat plus marqué dans les plus petites municipalités. Pour inverser la tendance, l’Etat a lancé le dispositif « cantine à 1 euro », évaluant à 10 000 le nombre de communes susceptibles d’en bénéficier. Colette Lerman, maire de Deux Rivières a proposé à son conseil municipal de faire profiter ses habitants de cette démarche.
« Je suis d’abord préoccupée par les enfants. Même si les parents ne sont pas idéaux et ne répercutent pas l’économie engendrée comme il le faudrait ; comme j’ai pu l’entendre au moment des délibérations sur le sujet ; les enfants ne sont pas responsables. Ils doivent être pris en compte et pouvoir bénéficier d’un repas équilibré au moins une fois dans leur journée. »
Née du rassemblement de Cravant et Accolay, la nouvelle commune de Deux Rivières compte 1280 habitants et deux écoles. Sur les 130 enfants de l’école élémentaire, 22 profitent de la cantine à 1 euro depuis la rentrée de septembre 2019. L’Etat ayant décidé d’étendre le dispositif aux petites sections, 13 élèves de maternelles seront bientôt concernés.
« Nous avons pensé aux familles monoparentales et à celles qui ont un petit budget. Pour en profiter, il faut afficher un quotient familial inférieur à 650 euros » précise la maire. L’augmentation du pouvoir d’achat s’inscrit également dans les arguments de l’élue pour mettre en place ce mécanisme. Pour une famille avec deux enfants à l’école 180 jours par an, l’addition passe de 1080 euros à 360 euros par an.
Un coût du repas divisé par trois pour les familles
« Le coût du repas, divisé par trois, permet aux familles, méritantes ou pas, d’en faire, on l’espère, bon usage, sur le territoire ou ailleurs. » Colette Lerman n’exclue pas l’idée d’étendre la cantine à un euro à d’autres familles, selon les tranches définies, mais elle ne presse rien, prenant également en compte les finances de la commune et le point de vue de l’opposition. Initialement à 3.38 euros, deux euros sont désormais à charge de l’Etat tandis qu’il reste 1 euro à payer par les familles. La commune, par l’intermédiaire du CCAS, a pris en charge les 38 centimes restants. « Il n’y a pas beaucoup d’élèves concernés donc ce n’est pas un effort budgétaire considérable. »
Pour autant, madame la maire reconnait que sa commune fait partie des plus précaires de sa communauté de communes.
Aider les plus modestes
Ce statut de collectivité modeste a permis aux Deux Rivières de bénéficier du dispositif et de s’inscrire dans les critères imposés aux communes par l’Etat.
Bénéficier de la fraction cible de la dotation de solidarité rurale qui touche les communes les plus pauvres, avoir pris la compétence cantine, avoir une école et enfin, que la cantine ait déjà mis en place une tarification sociale avec plusieurs tranches. « Sur 36 communes de la communauté Chablis Villages et Terroirs, nous n’étions que deux à pouvoir prétendre au dispositif. »
Une fois l’engagement dans le dispositif validé par le conseil municipal, l’élue n’a eu aucune difficulté avec le formulaire « facile à remplir. » L’installation du dispositif dans la commune n’a quant à elle présenté aucune difficulté logistique.
« Le centre de loisirs est en délégation de service public pour le déjeuner des enfants. Nous n’avons qu’une déclaration trimestrielle à faire pour que la commune reverse l’aide de l’Etat en fonction du nombre de repas. »
A Deux Rivières, rien n’a changé pour les enfants et presque rien pour les parents. La facture leur arrive toujours, seul le montant à payer diffère pour les plus bas revenus. « Le plus compliqué a été de faire passer le message aux élus et de répondre à leurs interrogations sur la pérennité de l’aide de l’Etat. » Collette Lerman sait que cette donnée peut changer.
Sans garantie quant à la durée du dispositif « Cantine à 1 euro », la maire se montre pragmatique. « On avisera le moment venu, on expliquera aux familles si besoin. »