La commune de Saint-Affrique a choisi de rendre le stationnement gratuit en centre-ville afin de relancer son économie locale
Alors que certaines métropoles restreignent de plus en plus l’accès de leurs centres-villes aux voitures, la commune de Saint-Affrique fait le pari inverse en rendant le stationnement gratuit dans toute la ville. Une décision motivée par la volonté d’aider le commerce de proximité afin de revitaliser le centre-bourg.
Le centre-ville passe en zone bleue
A Saint-Affrique, en Occitanie, les horodateurs ne seront bientôt plus qu’un lointain souvenir. Car, depuis peu, l’ensemble de la commune propose un stationnement entièrement gratuit. « Tout le centre-ville est passé en zone bleue » annonce Jacques Canivenq, adjoint en charge des travaux de la voirie et de la commission de sécurité. Il précise : « Cela nous fait 1.100 places de parking sur l’ensemble de la ville. Entre 300 et 400 places en zone bleue en centre-ville et 800 places sur le reste de la ville, qui sont complètement gratuites. » Un stationnement gratuit en centre-ville qui reste cependant limité à une heure et demie ; les usagers doivent déposer les fameux disques bleus, que l’on peut se procurer à la mairie. Un temps loin d’être choisi au hasard comme nous le confirme l’adjoint du maire : « Nous avons choisi 1h30 parce que c’est une ville d’un peu moins de 9.000 habitants. Ce n’est pas une grande ville. Donc il n’y a pas des distances phénoménales à parcourir. Une heure et demie, cela permet de faire quelques courses sans se presser. » Cette restriction n’est effective qu’en semaine de 9h à midi et de 14h à 18h, ainsi que le samedi matin. Le reste du temps, le stationnement est libre.
Pour éviter le problème des « voitures ventouses », les places sont bien évidemment surveillées : « On a une police municipale sur place qui surveille le stationnement et verbalise les gens qui ne déplacent pas la voiture mais qui ne font que déplacer le disque. »
Un projet de stationnement gratuit mis en place progressivement par la commune
Le projet n’est pas récent. Déjà, lors du précédent mandat, une politique en faveur d’un stationnement gratuit avait été inaugurée. Jacques Canivenq s’en souvient : « On a décidé, fin 2012, vers le mois de novembre, de passer en zone bleue dans l’hyper-centre de la ville. Cela concernait 100 à 150 places qui étaient, à l’époque, payantes. Et on s’est aperçu que c’était positif. Il y a un turn-over assez important et on avait supprimé les voitures-ventouses. De ce fait, il y avait souvent des places vides et le commerce de l’hypercentre était favorable à ce système. »
Face à ce succès, l’idée d’étendre la zone bleue à l’ensemble du centre s’est alors progressivement imposée : «Nous avons discuté de ce projet en bureau municipal. On a ensuite fait quelques réunions avec l’office municipal du commerce ; on a alors décidé de passer tout le reste du centre-ville, qui était payant, en zone bleue. Ils attendaient que l’on fasse ça. On a présenté le projet en conseil municipal et je crois qu’il y a eu l’unanimité. Nous l’avons installé pendant les dernières vacances de la Toussaint. »
Un investissement pour aider les commerces
Si l’investissement pour une telle procédure est minimal, c’est le manque à gagner qui peut représenter une contrainte pour les finances de la commune. « Cela nous rapportait 15.000 euros, à peu près, par an », précise Jacques Canivenq, mais, « le stationnement payant, il n’y en avait pas dans toute la ville. Et cela est, en partie, compensé par le fait que dès qu’un artisan ou un commerçant utilise le domaine public pour travailler, c’est aussi payant pour nous. Il peut exister un retour suivant ce qu’il fait sur le trottoir, s’il décide d’installer une terrasse, etc. ». Et pour une commune comme celle de Saint-Affrique, la somme que représentait les revenus générés par le stationnement payant était relativement faible : « 15.000 euros en moins, c’est supportable, ce n’est pas quelque chose d’énorme. » Sans compter l’investissement qui aurait été fait si le stationnement payant avait été maintenu : « Il fallait qu’on change nos appareils avec la nouvelle réglementation. Il valait mieux qu’on passe en zone bleue. »
Pour Jacques Canivenq, il faut le voir comme un investissement pour la politique économique de la ville : « Tout ça a été mis en place dans le but de revitaliser le centre-ville et aider les commerçants. C’est un peu difficile pour eux. Comme un peu partout, les centres des villes moyennes ont tendance à perdre beaucoup de leurs commerces.»
Un autre projet prévu pour repeupler le centre-ville
La question de la revitalisation des centres-villes est une problématique majeure pour beaucoup de communes de taille moyenne. Nombreuses sont leurs initiatives pour tenter de relancer du dynamisme au cœur de leurs villes. Outre le stationnement gratuit, Saint-Affrique veut se lancer dans un important projet de rénovation pour repeupler son centre-bourg. Jacques Canivenq détaille quelques aspects du projet : « On est en train de travailler sur le centre ancien. Depuis plusieurs années, les différentes municipalités ont acheté des maisons vétustes. Nous avons finalisé ces achats, il y a à peu près trois-quatre ans. A la fin de l’exercice précédent, la municipalité a été propriétaire d’une cinquantaine de vieilles maisons. » Les personnes qui y étaient locataires, souvent des personnes âgées, ont pu être relogées ailleurs. Il y n’a eu aucune expulsion. La plupart des bâtiments n’ont pas été conservés par la suite, comme l’explique Jacques Canivenq : « On a pu démolir une certaine partie de ces maisons vétustes qu’on ne pouvait pas réhabiliter ; il y avait trop de travail, et on ne pouvait pas le faire parce qu’elles étaient trop abîmées. » Un important chantier va bientôt commencer et la commune va essayer d’y impliquer les associations, les particuliers et les promoteurs. Le projet final devrait permettre d’attirer de nouveaux habitants : « Il y aura du logement, ce sera mixte : il y aura des personnes âgées et des plus jeunes. Peut-être deux ou trois commerçants. C’est un centre très ancien avec des rues très étroites, donc on ne peut pas faire n’importe quoi dedans et on veut essayer de garder le cachet de son époque. »