La transition énergétique représente un facteur clé pour l’avenir des territoires. Si les collectivités organisent leur mise en route dans cette direction, il leur manque aujourd’hui les moyens nécessaires pour…

La transition énergétique représente un facteur clé pour l’avenir des territoires. Si les collectivités organisent leur mise en route dans cette direction, il leur manque aujourd’hui les moyens nécessaires pour une réelle mise en œuvre. Le 30 mai prochain, les acteurs de la transition énergétique se retrouvent lors du Club Territoire Visionnaire sur l’énergie pour échanger sur toutes les possibilités qu’ont les territoires. Echanges avec Fabienne Keller, Sénatrice du Bas-Rhin qui interviendra à cette occasion.

Les collectivités déjà actrices de la transition énergétique

Pour Fabienne Keller, le processus est déjà engagé sur les territoires. “De manière concrète et de longue date, les collectivités sont engagées en faveur de l’énergie”.

Très enthousiaste par l’implication des acteurs publics locaux, elle n’oublie pas de rappeler que “depuis plusieurs décennies, les collectivités sont moteur et essaient de valoriser les modes de transports plus économes en énergies. Par exemples, les voies dédiées aux déplacements doux tels que le vélo ou le développement de transports en commun propres et accessibles”. Des organisations que les territoires mettent en œuvre pour permettre un service plus économe en énergie.
“Les normes s’imposent aux collectivités” nous rappelle Fabienne Keller. La Sénatrice aborde les “obligations concernant la rénovation des bâtiments publics”, en effet, les lois n’ont pas manquées. L’une des dernières : la loi de transition écologique pour la croissance verte engage les collectivités dans une démarche plus responsable et respectueuse de l’environnement.

“Les collectivités sont passées à l’économie d’énergie pour des raisons écologiques et économiques” Fabienne Keller

Les retombées des dispositifs mis en place par les collectivités en faveur de la transition énergétique ne sont pas qu’écologiques comme le souligne Fabienne Keller. Les retombées sont directement bénéficiaires dès lors qu’elles permettent des économies. C’est aussi en ce sens que les collectivités s’engagent dans les dispositifs énergétiques. Car, si les collectivités existent encore, l’argent public se raréfie et chaque euro investi doit avoir une retombée pour le bien commun.

Donner les moyens aux collectivités d’aller plus loin

“Les lois et les normes n’ont pas manquées : la loi NOTRe, MAPTAM, les taux de TVA ont contraints et permis aux collectivités de s’engager”, comme explique Fabienne Keller, Sénatrice du Bas-Rhin. Les collectivités sont aussi poussées à aller dans la direction de la transition énergétique. “Elles portent bon nombre d’investissements qui sont des facteurs clés de l’énergie : les transports, le logement, l’aménagement… mais à part l’ADEME, il existe peu d’organisme pour les accompagner et les conseiller. Sans compter les soutiens financiers, il y a beaucoup de planifications mais peu d’aides. Nous le voyons avec les agendas 21 par exemple, ce sont des mesures saisies encourageantes mais là aussi les aides sont discrètes.” La sénatrice résume en quelques mots révélateurs : “les collectivités sont seules, peu de choses sont mises en place pour les aider”.
En somme, les élus locaux ont besoin de soutiens financiers pour mener à bien des projets structurants sur le terrain en faveur de la transition énergétique.

Fabienne Keller
Fabienne Keller @france3-regions.francetvinfo.fr

“L’État doit alléger les normes et s’adapter aux besoins locaux” Fabienne Keller

Plus d’aides, mais ce n’est pas tout. Fabienne Keller déplore également la lourdeur et l’instabilité des lois. L’ancienne maire de Strasbourg connait bien la distance qu’il existe entre les normes et la réalité locale. “Le corpus réglementaire doit être allégé. Malheureusement, il existe encore aujourd’hui un écart frappant entre le déclaratif du gouvernement et les actions.”

Si les lois sont loin d’être en accord avec ce que vivent les élus locaux et les agents territoriaux, c’est parce que le échanges sont trop rares et trop encadrés. Fabienne Keller propose de « beaucoup plus dialoguer avec les collectivités pour s’adapter aux besoins du terrain ». D’autre part elle défend également la voix locale qui demande « une stabilité pour mieux se projeter. La stabilité à la fois économique, comme l’arrêt de la baisse des dotations, mais aussi réglementaire, en veillant à ne plus empiler les amendements et les normes ».
C’est ce qu’explique la Sénatrice, pour qu’une collectivité mène à bien des projets ambitieux, il faut qu’elle en ait les moyens.

Alors comment faire ? Plus d’aides, des normes moins imposées et moins lourdes pour une prise en compte des réelles problématiques. “Les financements pour les projets – qu’ils soient publics ou privés – sont assez marginaux alors que sur le terrain il y a une volonté forte.” L’accompagnement est également un axe qui doit être considéré, Fabienne Keller voudrait que “l’ADEME ait aussi plus de moyens pour accompagner les collectivités. Elle fait partie des agences référence sur cette thématique et les élus ou les agents doivent pouvoir se tourner vers elle pour être conseillés. Ce sont grâce à ces organismes que les projets pourront être accompagnés avec les compétences requises.”

Un sujet de passion pour conclure

Fabienne Keller conclut l’entretien avec son sujet de passion “un acteur incontournable de la transition énergétique, c’est bien le transport.” Elle poursuit, “les dotations de l’État étant ce qu’elles sont, il est aujourd’hui compliqué pour les collectivités de développer l’offre existante des transports en commun. Cependant, il est possible d’organiser une meilleure articulation entre tous les maillons du transport.” Car pour réduire l’empreinte carbone, le transport doit être favorisé, pour cela les usagers demandent une offre de transport claire, qualitative et un cadencement important.

Fabienne Keller plaide pour une synergie des réseaux “il faut organiser le chaînage, créer des synergies dans des lieux où le public et le privé se rencontrent et, surtout, où les usagers trouveront un foisonnement d’offre adaptées à leurs besoins. Et pour réaliser tout cela, si je peux lancer un message, il faut s’attacher aux résultats et non aux normes.” Et nous aussi nous retiendrons ce message, car, s’il y a bien un objectif à garder en tête, c’est celui de l’efficacité.

Fabienne Keller en quelques lignes

Fabienne Keller, née le 20 octobre 1959 à Sélestat (Bas-Rhin), est une femme politique française, Sénatrice du Bas Rhin, membre du Bureau Politique et Secrétaire nationale des Républicains en charge des Transports et de l’Energie.

Diplômée de Polytechnique, et de l’université de Berkeley, elle a notamment travaillé au Ministère des Finances et au Crédit Industriel d’Alsace et Lorraine. A partir de 1998 elle s’engage en politique et est élue Maire de Strasbourg de 2001 à 2008.

Sénatrice du Bas-Rhin depuis 2004, elle est vice-présidente de la commission des Finances et vice-présidente de la commission des Affaires européennes. Etant très engagée sur les questions de transports, d’Europe et d’environnement, elle a publié des rapports sur la taxe carbone, les véhicules propres ou encore le Brexit.