Elles ne sont que 27 en France à avoir obtenu le label « Territoire de commerce équitable » et 2 000 collectivités dans le monde. Parmi elles, la commune de Châteauroux et ses 45 000 habitants ont décroché le document en avril 2019. Si la démarche initiée par les élus concerne les produits alimentaires éloignés, elle intègre d’autres dimensions. Présentation.
Une vision globale et ambitieuse
Le commerce équitable se traduit par une juste rémunération des petits producteurs, qu’ils se trouvent à des milliers de kilomètres dans un rapport Nord-Sud, où à la porte de la collectivité. Déjà labellisée “Territoire à énergie positive pour la croissance verte”, la commune de Châteauroux souhaite pousser plus loin son engagement en mettant en place un plan climat visant des labels susceptibles de valoriser sa politique publique.
« Nous avons une vision globale. Nous allons essayer de décrocher le label Citergie mais pour l’heure, nous sommes lancés dans les objectifs du label “Territoires de commerce équitable” » précise Christophe Bailliet, conseiller municipal délégué au développement durable et à l’énergie mais aussi vice-Président de Châteauroux Métropole délégué au développement durable, à l’agenda 21, à l’aménagement du territoire et aux économies d’énergie.
Sollicitée par une enseignante de la métropole, référente locale pour artisans du monde, la collectivité a entamé la démarche pour répondre aux exigences du label dans le registre du commerce équitable.
Le soutien associatif
« Cette enseignante et le travail des associations du territoire nous ont facilité la mise en place. Les acteurs locaux ont été un appui majeur pour identifier les filières avec lesquelles travailler. Ils ont facilité notre action. » Châteauroux a mis en place un comité de pilotage réunissant les élus en charge du développement durable mais aussi de la santé publique, du commerce, de l’éducation et de l’enfance et jeunesse dont un élu de l’opposition.
Parmi sa vingtaine de membres, le comité compte également les services en charge de l’attractivité et du développement économique ainsi que la chambre d’agriculture et plusieurs associations du territoire. « La mise en place du comité de pilotage pour bâtir le plan d’action était la première des 5 phases du label. » S’en sont suivi une délibération du conseil municipal pour l’achat de produits issus du commerce équitable et des actions d’éducation et de sensibilisation du grand public à travers des conférences. « Nous en sommes à la phase 4 : contribuer à développer l’offre de produits équitables sur le territoire. Cela revient à mettre les acteurs de la filière en relation et à privilégier les petits producteurs et les circuits-courts. »
Christophe Bailliet a également initié la dernière phase du label : inviter les principales entreprises du territoire à acheter des produits du commerce équitable. « Nous avons identifié une quinzaine d’entreprises, restaurants, bars, hôtels et commerces de distribution auprès desquels nous allons communiquer. » Au quotidien, dans la collectivité, un ingénieur développement durable pilote le projet et applique les directions données par les élus tandis que le comité se réunit chaque mois pour avancer. « Nous avons le label pour trois ans mais nous pouvons le perdre », précise l’élu.
En 2022, un jury réévaluera le dossier castelroussin pour proroger ou non ce label que d’autres, comme Nantes, ont perdu.
Manger équitable ne suffit pas
Pour agir concrètement, Châteauroux, à travers sa cuisine centrale, distribue déjà des produits de commerce équitable comme le poivre du Sri Lanka, du sel, des bananes bio ou encore du jus d’orange.
« Nous devons chercher des filières capables d’alimenter en quantité car nous servons 3 000 repas par jour. » L’élu se tourne maintenant vers les producteurs locaux pour approvisionner la collectivité en légumes. « Nous sollicitons à la fois l’agriculture bio et raisonnée. De toute façon, la loi nous obligera bientôt à agir ainsi. »
En effet, le 1er janvier 2022, les repas servis par les collectivités devront proposés 50% de produits répondant à certains critères (le coût du cycle de vie du produit, ou bénéficiant d’un des autres signes de qualité ou d’origine) dont 20% devront être issus de l’agriculture biologique. « Nous sommes encore au début de la démarche mais nous avons ajouté une ligne budgétaire dédiée au commerce équitable, plus coûteux. Nous lui avons attribué 5 000 euros cette année. A terme, l’objectif est de basculer le budget des achats alimentaires sur cette nouvelle ligne » explique Christophe Bailliet.
Décidée à aller plus loin, la commune de Châteauroux et Châteauroux Métropole prévoient d’équiper leurs personnels communaux avec des vêtements fabriqués à partir de coton équitable.