Juliette, maire-sortante et candidate à sa succession pour les municipales, revit pour nous l’entre-deux-tours des municipales

Juliette, maire-sortante et candidate à sa succession pour les municipales dans une commune de 15 000 habitants, revit pour nous l’entre-deux-tours des municipales.

Garder le moral

J’ai vécu mes premières élections municipales en tant que candidate tête de liste.

La campagne des municipales a été épique dans notre commune. Après des années d’hégémonie du maire sortant qui n’avait jamais connu de réelle concurrence, nous étions 5 listes à nous présenter pour le premier tour.

Comme je faisais partie de l’équipe municipale sortante, ma liste a centralisé toutes les attaques des autres listes. Raison pour laquelle, je pense, nous n’étions qu’en seconde position à l’issue du premier tour.

Le lundi matin, au lendemain du premier tour, le moral de l’équipe était au plus bas. La campagne commençait à paraître bien longue, ils étaient fatigués et frustrés de ne pas avoir réussi à convaincre et assurer une majorité confortable.

J’ai donc décidé de consacrer cette première matinée du second tour à les rebooster. Cela m’a fait du bien à moi aussi, je n’étais pas épargnée par le stress et la crainte de la défaite.

Tirer des leçons des résultats du premier tour

Nous avons donc passé deux heures à évoquer ce qui avait fonctionné pendant la campagne, la pertinence du projet et les axes programmatiques qui avaient su convaincre.

Cette étape nous a permis de retrouver le sourire mais aussi et surtout de définir notre stratégie du second tour.

Rien de mieux que de se remettre au travail pour reprendre de l’énergie en période de campagne ! Le reste de la matinée a donc été consacrée à balayer l’ensemble des résultats bureau de vote par bureau de vote.

Objectifs : définir les secteurs sur lesquels nous n’avions pas été suffisamment présents, les bureaux de vote pour lesquels au contraire nous avions su convaincre et comprendre pourquoi dans certains quartiers les autres listes avaient plus de succès.

Une fois cette analyse faite, nous avons fléché les actions à réaliser en priorité en fonction de ces quartiers. Sans oublier l’essentiel : les points du programme sur lesquels il allait falloir être plus offensif pour convaincre.

S’unir pour gagner

Une fois notre projet clarifié, nous avons dû reprendre les négociations avec les autres listes. En effet, trois autres listes ayant fait plus de 10% étaient en capacité de se maintenir au second tour. L’une étant à l’opposé de nos valeurs et les deux autres issues de partis politiques proches de nos propositions programmatiques.

Nous avions contacté ces deux listes dès le dimanche soir suite à l’annonce des résultats. Leurs têtes de liste étaient un peu assommées par les résultats, nous avions une belle avance sur eux. Elles ne souhaitaient donc pas échanger avec nous ce soir-là.

J’ai ensuite organisé un déjeuner avec les deux têtes de liste le lundi midi. Si nous voulions gagner le second tour, nous ne pouvions faire autrement que de partir unis.

Ce déjeuner a été fastidieux : négociations du nombre de places à leur consacrer sur notre liste en fonction des résultats par quartier, fusion de nos programmes (et tri des propositions)… Au bout de 3 heures, nous étions prêts à annoncer notre choix à nos candidats respectifs.

Cela a été le plus difficile. Afin de permettre cette alliance, j’ai dû me séparer d’une partie de mes candidats. Mais l’équipe était impliquée pour le projet et a été compréhensive (même si certains d’entre-eux me l’ont fait payer pendant le mandat qui a suivi…).

Entre-deux-tours : 4 jours pour convaincre

Pendant que nous nous empressions de tenir une conférence de presse commune dès le lundi après-midi pour annoncer la fusion des trois listes, le reste de l’équipe s’est concentrée sur les outils de communication.

Nous devions être prêts dès le soir même à communiquer sur les réseaux sociaux. Mais aussi avoir dès que possible, des tracts actualisés avec les logos des listes qui nous avait rejoint. Réécriture de la profession de foi, nouvelle affiche incluant tous les logos… cela a été une sacrée course contre la montre.

Après avoir passé des mois sur le terrain, les derniers jours de l’entre-deux-tours paraissent très courts.

Nous avons donc privilégier l’efficacité au maximum : les têtes de liste qui nous avaient rejoint ont fait du porte-à-porte dans les quartiers où ils avaient fait les meilleurs scores.

Mon équipe s’est concentrée sur les quartiers où nous étions bien implantés et de mon côté je suis allée à la rencontre des abstentionnistes du premier tour.

Dernière étape de ce long marathon : le vendredi soir, nous avons tenu une grande réunion publique pendant laquelle j’ai également encouragé les deux têtes de listes qui m’avaient rejoint à tenir un discours pour réaffirmer leur soutien plein et entier à cette nouvelle liste.

Se préparer en cas de défaite

Il y a aussi un point important que je tiens à aborder ici. Comme pour chaque élection, la défaite est tout à fait possible.

Il faut donc s’y préparer psychologiquement.

Pour cela, mon équipe et moi avions pris le temps de nous réunir afin d’évoquer la possibilité de siéger dans l’opposition. Regarder ensemble et nous projeter dans notre rôle d’opposants nous a aidé à nous projeter. Et surtout à nous rassurer sur notre capacité à nous rendre utile dans la commune quoi qu’il advienne !

Finalement, nous avons remporté l’élection mais je suis heureuse que nous soyons parvenus à avancer ensemble sur ces derniers jours et à nous projeter posément quelque soit le scénario final.