Le Tarn est le premier département a signé la charte « Villes et Territoires sans perturbateurs endocriniens ». Cet immense engagement pris par le conseil départemental vise à limiter voire…
Le Tarn est le premier département a signé la charte « Villes et Territoires sans perturbateurs endocriniens ». Cet immense engagement pris par le conseil départemental vise à limiter voire interdire l’usage des perturbateurs endocriniens (PE), dont l’exposition se montre particulièrement dangereuse pour la santé de tous.
Les perturbateurs endocriniens, une menace invisible ?
La dose fait le poison. Cette célèbre formule de Paracelse n’est plus d’actualité depuis la découverte des perturbateurs endocriniens en 1991. En effet, les PE sont des molécules ou agents chimiques capables d’interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants, même à de très faibles concentrations. Pour l’association Réseau Environnement Santé (RES), la situation est gravissime : « Nous sommes face à une véritable épidémie de maladies chroniques. Mais, il n’y a pas de fatalité car elles sont liées à notre environnement, et notamment à l’exposition aux PE. Ils représentent en effet une cause majeure de dégradation de notre santé sur laquelle il est possible d’agir rapidement et efficacement. Il y a urgence, car les perturbateurs endocriniens impactent aussi la santé des générations futures. »
Le président du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, est aussi conscient de ce problème. Récemment, il expliquait dans une interview accordée à France Bleu, les dangers que représentent les PE : « On le voit aujourd’hui, l’expérience de vie stagne en France. C’est une première depuis l’après-guerre. Il est intéressant de sensibiliser notre territoire aux perturbateurs endocriniens. On sait qu’il y a des risques pour la santé, notamment l’utilisation de certains plastiques quand on les réchauffe au micro-ondes, ou l’utilisation de certains détergents. »
Une charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens »
Pour contrer les effets provoqués par les perturbateurs endocriniens, le Tarn a décidé, le 28 mars dernier, de signer la charte « Villes et Territoires sans perturbateurs endocriniens », élaborée par l’association RES. Son objectif est de protéger la population et les écosystèmes de l’exposition aux PE. Reprenant le signal d’alarme de l’OMS, qui les considère comme « une menace mondiale à laquelle il faut apporter une solution », la charte propose une série de mesures pour limiter concrètement l’impact de ces perturbateurs endocriniens.
Parmi ces mesures, la charte propose de mettre en place des actions en amont en prohibant l’utilisation de produits phytosanitaires contenant des PE et en aval, en interdisant le recours aux matériels de cuisson qui en contiennent également. Les territoires sont encouragés à éliminer les PE dans leurs contrats et achats publics ainsi qu’à privilégier l’agriculture biologique. Surtout, la charte demande de mettre en place un important système d’information et de sensibilisation de la population concernant les dangers des PE.
Fin 2018, 13 villes, parmi lesquels Paris, Strasbourg et Limoges, avaient déjà signé la charte. Le Tarn est le premier département à le faire. Mais Christophe Ramond le sait, la signature n’est que le premier acte à accomplir : « Avec cette charte, on veut sensibiliser la population, sensibiliser les institutions administratives, puis changer les pratiques environnementales de notre collectivité. » Selon lui, l’enjeu est beaucoup trop important pour rester inactif : « C’est un objectif ambitieux mais on se doit de prendre en considération l’évolution de la santé des Tarnaises et des Tarnais. »
Un travail de sensibilisation de la population
Malheureusement, encore trop peu de personnes sont conscientes de la réalité du danger sanitaire que représentent les perturbateurs endocriniens. C’est pour cela que le travail de sensibilisation de la population est autant mis en avant par l’association RES, notamment à travers des actions dans les collèges, afin d’informer les plus jeunes.
Christophe Ramond partage le même constat : « Il y a un travail de pédagogie à faire par rapport à la population concernant ces produits. Je crois qu’il faut sensibiliser. On sait très bien que ce sera sur un temps long mais on doit arriver à toucher nos jeunes, à leur faire prendre conscience que quand on utilise des produits, des détergents par exemple, il faut mettre des gants, il faut se protéger. Et dans notre façon de concevoir l’alimentation, il faut un retour à des produits de qualité, de proximité. C’est, aujourd’hui, un impératif important, surtout pour les risques éventuels concernant la santé de nos jeunes et de nos populations. »
Cette sensibilisation est essentielle pour prévenir au mieux les risques liés aux PE. Car, outre l’usage du plastique dans les micro-ondes, « il y a d’autres gestes, parfois, qu’on a l’habitude de faire au quotidien, qui ne sont pas aujourd’hui adaptés. Quand on utilise une poêle anti-adhésive, si elle est trop abîmée, on sait que des molécules peuvent passer et entrer en contact avec l’alimentation. Ce sont des choses simples à expliquer à nos concitoyens. »
Un plan d’action à venir
La promotion des gestes responsables du quotidien sera accompagnée d’actions à l’échelle du département. Le président du conseil départemental du Tarn est conscient de l’ampleur de la tâche et suivra les recommandation de l’association RES : « Ce sera un travail de longue haleine bien évidemment, mais je crois qu’on peut changer dans notre façon de faire. Dans nos cantines, on développe le bio, on utilise de moins en moins de plastiques. On va continuer dans cette voie. Au niveau environnemental, dans le traitement des espaces verts, on peut aussi faire différemment : utiliser moins de pesticides, ce qui est déjà le cas, répond à un enjeu important. On peut également jouer sur nos marchés publics : on a la chance de pouvoir demander aux entreprises qui travaillent pour nous d’utiliser moins de produits nocifs. »
La première étape désormais franchie avec la signature de la charte le 28 mars dernier, le département s’attaque au plan d’actions qu’il présentera aux Tarnaises et Tarnais au mois de juin : « L’idée, c’est d’avoir un plan. Aujourd’hui, on signe la charte. On va élaborer un plan très prochainement avec de multiples actions et on fera une évaluation tous les ans de la portée et des avancées réalisées sur notre territoire. » D’ici là, espérons que l’engagement du Tarn convaincra d’autres départements à rejoindre la lutte contre les perturbateurs endocriniens.