L’intermodalité représente pour beaucoup une opportunité de répondre au double enjeu de la durabilité et de l’accessibilité
Un nombre croissant de collectivités s’intéresse au concept d’intermodalité et réfléchit à sa mise en oeuvre. Prôner ce type de mobilité représente pour beaucoup une opportunité de répondre au double enjeu de la durabilité et de l’accessibilité. Intéressante dans les territoires peu denses, l’intermodalité permet en effet de trouver une alternative crédible à l’usage individuel de la voiture, de moins en moins pertinent.
L’intermodalité : kesako ?
L’intermodalité se différencie de la plurimodalité, qui désigne la possibilité de choisir entre au moins deux modes de déplacements, et la multimodalité, où le déplacement des voyageur.se.s n’est pas “balisé”. Un parcours intermodal, c’est un cheminement organisé par des infrastructures dédiées, et pour lequel l’interconnexion est garantie. Autrement dit, il permet à l’habitant.e de réaliser un trajet en porte à porte via l’intermédiaire de plusieurs modes de déplacements interconnectés grâce aux pôles intermodaux.
De manière générale, les collectivités peu denses ne laissent pas le choix aux habitant.e.s : le tout voiture est nécessaire au quotidien. Néanmoins, si les infrastructures le permettent, il est possible d’organiser un covoiturage, ou d’opter pour le vélo en libre-service.
Écologie et redynamisation : réduire la part modale de la voiture individuelle
Permettre aux voyageur.se.s de changer de moyen de transport au cours de leur déplacement, c’est donc une façon de réduire la part modale moyenne de la voiture. Promouvoir ces alternatives a également l’avantage de réduire le coût des trajets : l’usage individuel de la voiture est bien souvent un moyen de transport plus cher que tous les autres, en plus d’être plus dangereux pour la santé et l’environnement.
Offrir les infrastructures permettant d’en descendre pour monter dans un bus, un train, un covoiturage ou sur un vélo, c’est donc encourager l’augmentation du pouvoir d’achat des usager.ère.s et finalement encourager la mobilité de toutes et tous. Avec l’augmentation inéluctable du prix de l’essence, ces politiques semblent en passe de devenir indispensables.
Plus d’argent et plus de temps
L’intermodalité peut dans cette mesure être perçue comme un outil de dynamisation des territoires. Une plus grande accessibilité pour les habitant.e.s – les déplacements étant moins coûteux -, est synonyme d’une augmentation drastique de la mobilité. Des notions comme la revitalisation de l’activité ou le resserrement des liens sociaux peuvent donc également faire partie des discussions sur l’intermodalité.
Et ce d’autant plus qu’à bien des égards, la réduction de la part modale de la voiture individuelle va de pair avec une augmentation du temps disponible pour les usager.ère.s. Si l’on suit l’idée d’Ivan Illich et de Jean-Pierre Dupuy selon laquelle les temps de trajets doivent intégrer le temps que l’on passe à se donner les moyens du déplacement[1], la voiture individuelle est beaucoup plus lente que ce que l’on croit. Le temps de trajet de la voiture correspond dans ce cas, en plus du temps réel de trajet, au temps que l’on passe à son entretien, aux démarches administratives et légales (permis, assurance), voire au temps que l’on passe pour gagner l’argent qui permettra de payer ladite voiture.
En plus de motiver des comportements plus respectueux de l’environnement, l’intermodalité, en offrant la possibilité aux habitant.e.s de réduire leur utilisation de la voiture, peut donc participer à redynamiser tout un territoire.
Un chantier ambitieux à mener
Comme pour toute politique intégrée, l’intermodalité nécessite une étroite coopération entre les acteurs. Les différents opérateurs de transports, les collectivités et les plateformes de mise en relations des usager.ère.s doivent travailler ensemble, pour construire des réseaux pertinents de transports, réellement interconnectés. Pour améliorer la pertinence des infrastructures – de l’échelle du réseau, des fréquences des transports en commun, du positionnement ou de la capacité des pôles intermodaux – les technologies de l’information et de la communication à disposition peuvent également être mobilisées.
L’actualité nous prouve que la voiture individuelle est encore la seule possibilité pour un nombre considérable de personnes. Aux élu.e.s de faire en sorte, via notamment l’intermodalité, que cet argument-obstacle à la mobilité durable ne soit plus valable.
[1] Ivan Illich, Énergie et équité, 1975 / Jean-Pierre Dupuy, À la recherche du temps gagné, 1975