Dans ce témoignage “vie d’élue” Lucie nous raconte comment avec son mandat elle a développé de nouvelles compétences pour s’en sortir !
Vie d’élue : Lucie est élue dans une commune de 3.000 habitants. Dynamique et très demandée, sa ville propose de nombreuses animations les weekends tout au long de l’année, avec toutes les contraintes que cela comporte.
“Depuis que je suis élue j’ai développé des compétences inattendues”
J’ai été élue pour un premier mandat en 2014. Comme je ne connaissais pas beaucoup la vie municipale mais que j’ai baigné dans l’univers associatif depuis mon plus jeune âge, certains “anciens” – des élu.e.s qui rempilaient pour un nouveau mandat – m’ont suggéré de rejoindre la commission “animations”.
C’est avec plaisir que j’ai donc été intégrée à un groupe de 7 élu.e.s de la majorité et de l’opposition qui travaillent à animer les rues de notre jolie commune toute l’année. Moi qui ai toujours donné un “coup de main” dans des kermesses, tournois sportifs et autres types de rencontres, je découvrais tout car n’avais jamais été associée à l’organisation depuis son début. J’ai donc pu apprécier les joies des épineuses questions concernant les branchements électriques, les permanences des secours, les déclarations d’occupation de la voie publique ou les arrêtés à mettre en place…
Et ce que je peux dire c’est que ça nourrit ! Je me rappelle de l’un de mes premiers événements de ma vie d’élue : un dimanche bien rempli avec son marché dominical jusqu’à 13h et un concert de clôture dans le cadre d’un festival intercommunal à 15h. Les deux rencontres étant très proches physiquement l’une de l’autre, de nombreuses questions se sont posées : quel stationnement ? Quel arrêté ? Quelle route couper ? Parce que tout cela, nous le faisons, nous en tant qu’élu.e.s, nos services ne sont pas équipés pour s’en charger. Et si la décision se fait généralement sans problème en amont, sur le terrain, c’est une autre histoire.
Pour ce concert en question, le stationnement a dû être coupé un temps : des scènes à monter sur un parking, nous avons aussi coupé une impasse. Mais ce n’était pas au goût de tout le monde. C’est ainsi qu’avec une collègue nous nous sommes retrouvées sous 30° à déplacer une barrière Vauban sous les insultes des locaux. Un beau moment…
Barrières, tables, chaises, barnums… une passion est née
Depuis ce dimanche de 2014, j’ai non seulement appris dans ma vie d’élue à prendre du recul avec ceux que j’appelle les gentils-aboyeurs qui nous insultent sans chercher à dialoguer mais je me suis aussi musclée ! Dans mon vocabulaire quotidien : barnum, barrière, chaises, tables… et j’en passe.
Nous aurions dû compter le nombre d’éléments déplacés pour faire un bilan de mandat chiffré : environ 50 tables par saison, 160 chaises par an (par élu), le tout multiplié par 6 années… Je songe à me reconvertir dans la petite manutention ! Les diables n’ont plus de secret pour nous. L’équipe est d’ailleurs bien composée puisque riche d’un médecin urgentiste qui intervient de temps en temps : dans ce domaine aussi mes compétences sont accrues. Quand une mamie glisse ou qu’une collègue se réceptionne mal (en attrapant une table) il nous montre les gestes de premier secours à avoir !
Si certains râlent continuellement, je préfère aujourd’hui en rire. Personne ne veut mutualiser les animations locales et les faire passer sur la compétence optionnelle culture de l’intercommunalité. “C’est le rôle des élu.e.s municipaux que d’animer leur commune” me dit-on. J’entends le discours mais quand nous n’avons pas les ressources internes pour faire mieux ou différemment, il faut se satisfaire de la façon dont nous travaillons, et c’est ce que je m’efforce de vivre.
Si je devais dresser un bilan de ma vie d’élue et de compétences à l’issue de ces 4 années je dirais que j’ai beaucoup évolué : tant sur ma capacité à déplacer, ouvrir et positionner une table en un temps record, que sur mon développement musculaire pour porter 5 chaises à la fois, ou à la maîtrise demon self-control, qui a aussi bénéficié d’insultes occasionnelles. Je ris beaucoup plus à ces situations cocasses maintenant. Tout n’est pas perdu, au contraire !
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