Dans notre rubrique vie d’élue aujourd’hui, focus sur un fléau dans le monde politique pour les femmes élues : le sexisme.

Dans vie d’élue : témoignage(s) sur le sexisme en politique.

Je reviens sur une anecdote qui m’a particulièrement marquée. Alors qu’un matin d’élection j’échangeais avec la DGS de ma collectivité, elle me révéla un passage de son parcours qu’elle n’oublie toujours pas.

Notre Directrice Générale des Services a un CV assez impressionnant. Après des études de sciences politiques, un master européen fait en Grande Bretagne, elle entame sa carrière dans les instances publiques et politiques. Un passage aux affaires européennes, puis chez Arte, elle arrive finalement vers 25 ans à l’Assemblée Nationale. Assistante Parlementaire d’un “élu brillant” comme elle me le décrit, elle m’explique qu’elle aime son travail. Les lois, les échanges avec les autres députés, les réunions, les commissions, tout est visiblement passionnant. Mais une ombre au tableau persiste, et ce n’est pas le travail lui-même.

Le sexisme ambiant

Elle m’explique, qu’il y a 20 ans le sexisme était identique à celui qu’elle lit aujourd’hui sur Chaircollaboratrice, ce qui l’attriste. A l’époque déjà, avec son parcours sans faute et sa vision claire, elle se cache. Elle ne met jamais de jupe, de peur de se faire harceler – ce qu’on n’appelait pas harcèlement à l’époque est pourtant bien réel à ce moment aussi. Elle fait comme si elle n’entend pas les commentaires des députés, ou bien elle ignore les regards lubriques. “Je me confondais avec le décor, un tailleur pantalon chaque jour pour éloigner tous les commentaires”.

Ce matin-là, elle m’explique que, cet environnement de travail et cette ambiance n’étaient pas des plus agréables à vivre mais qu’elle faisait avec. Comme si c’étaient les règles du jeu à l’Assemblée Nationale. Ce qu’elle vivait mal c’étaient les réflexions au sein même de sa famille. Elle me dit que quand elle a décroché cet emploi, certains membres lui disaient que, ses études étaient très bonnes mais c’est bien son physique qui lui a permis d’arriver là. Agrémenté d’un petit “il faudra que tu fasses attention quand même. Une jolie blonde comme toi, ils ont de la chance de t’avoir comme assistante les députés !” Si même la famille ne soutient pas qui le fera ?

Comment faire changer les choses ?

Aujourd’hui, son parcours est fait, elle est DGS et ne veut pas d’un autre poste. Mais elle m’explique qu’elle est encore “dégoûtée” de voir que les pratiques sont encore les mêmes. Elle a lu les témoignages des journalistes, et “revit ce qu’il se passait il y a 20 ans”. Les pratiques n’ont-elles donc pas évolué ? Visiblement, pas vraiment.

Ces remarques ont peut-être eu un impact sur sa carrière, elle si brillante, s’est rapidement rabattue sur la politique locale après avoir fait un passage dans les couloirs de l’Assemblée. Elle aurait eu le profil parfait pour rester assistante parlementaire, se serait peut-être même impliquée dans des partis pour défendre des candidats aux élections et travailler aux programmes électoraux, avoir une carrière nationale. Mais qui a envie de faire de cette expérience une réalité au quotidien pendant des dizaines d’années ? Visiblement pas elle.

Elle soutient aujourd’hui toutes les initiatives qui visent à dénoncer le sexisme en politique et n’a pas peur de l’assumer. Si elle pouvait accompagner et donner des conseils aux jeunes assistantes parlementaires, elle le ferait, en attendant, elle ne loupe pas nos élus dès qu’ils dévient avec leurs remarques 😉


Les conseils élueslocales.fr

Si vous êtes une assistante parlementaire et même une femme engagée en politique en générale, vous êtes une cible parfaite ! Réflexions, regards, jeux de mots, certains peuvent être très créatifs pour vous le rappeler et vous mettre mal à l’aise.
Un conseil : ne rien lâcher. L’humour fait ses preuves, Barbara Pompili a eu ces mots très justes “vieil homme” à un élu qui l’appelait “jeune fille”. Mais pour tous ces autres jours où vous n’avez pas la foi, contentez-vous d’un rappel des règles de respect et de bienséance, ce qui remet en général les pendules à l’heure.